La vie intelligente : une conséquence naturelle de l’évolution planétaire ?
Source : https://www.seti.org/intelligent-life-natural-outcome-planetary-evolution
1er mai 2025
Pendant des décennies, de nombreux scientifiques se sont appuyés sur le modèle des « étapes difficiles » pour suggérer que la vie intelligente était rare, résultat improbable d'une série de sauts évolutifs improbables. Mais de nouvelles recherches menées par le Dr Daniel Mills, chercheur postdoctoral et géobiologiste de l'Université de Munich, remettent en question cette idée, et leurs implications sont révolutionnaires pour la recherche d'une intelligence extraterrestre.
Dans un récent épisode de SETI Live, l'astronome
planétaire principal Dr Franck Marchis et le Dr
Mills ont discuté de la manière dont la vie intelligente pourrait en fait être
le résultat naturel de l'évolution planétaire.
Repenser la théorie des « étapes difficiles »
Le modèle des « étapes difficiles », introduit par le physicien Brandon Carter, soutient que certaines transitions critiques dans l'histoire de la vie, comme l'émergence d'organismes multicellulaires ou l'essor de l'intelligence technologique, sont hautement improbables. Selon ce point de vue, l'humanité est le fruit d'un heureux hasard, survenu juste avant la fermeture de la fenêtre d'habitabilité de la Terre.
Le Dr Mills propose cependant une interprétation différente. Il suggère que l'intelligence ne résulte pas de la victoire sur des probabilités astronomiques, mais d'une conséquence prévisible de l'évolution de planètes comme la Terre au fil du temps. Ses recherches introduisent le concept de « fenêtres d'habitabilité » : des périodes où l'évolution des environnements planétaires crée les conditions propices à l'émergence et au développement d'une vie complexe.
Dans cette optique, la vie n’a pas eu à surmonter
d’obstacles improbables ; elle s’est développée naturellement lorsque
l’environnement lui est devenu propice.
Les fenêtres d'habitabilité de la Terre
Tout au long des 4,5 milliards d'années d'histoire de la Terre, l'environnement de surface a subi d'importants changements. L'un des exemples les plus frappants est l'histoire de l'oxygène atmosphérique. Initialement, l'atmosphère terrestre ne contenait pas d'oxygène. Puis, il y a environ 2,3 milliards d'années, lors de la Grande Oxydation , la photosynthèse des cyanobactéries a partiellement oxygéné l'atmosphère. Celle-ci a finalement atteint les niveaux d'oxygène actuels, plus proches de ceux d'aujourd'hui.
Les innovations évolutives majeures s'inscrivent dans ces changements environnementaux. Les premiers organismes, dépourvus d'oxygène, sont apparus pendant la période anoxique, alors qu'il n'y en avait pas. À mesure que les niveaux d'oxygène atteignaient des stades intermédiaires, des formes de vie tolérant de faibles quantités d'oxygène sont apparues. Enfin, des organismes comme l'homme, qui ont besoin de concentrations modernes d'oxygène, ont évolué une fois que la Terre a fourni ces conditions.
Outre l'oxygène, d'autres facteurs ont également
influencé les fenêtres d'habitabilité, notamment :
·
Température de la Terre
·
Disponibilité des nutriments dans les océans
·
Le style de la tectonique des plaques
·
Productivité de la biomasse photosynthétique
·
Les changements de ces facteurs au cours du temps
géologique ont ouvert différentes fenêtres, permettant à divers types de vie
d’émerger et de prospérer.
Le pouvoir de la science interdisciplinaire
L'un des aspects les plus fascinants du travail de
Mills réside dans l'importance qu'il accorde à la collaboration
interdisciplinaire. Aborder les questions relatives à l'émergence de la vie
intelligente requiert une expertise multidisciplinaire : la physique,
l'astronomie, la géologie et la biologie jouent toutes un rôle essentiel dans
cette entreprise.
La collaboration de Mills avec des astronomes
comme Jason Wright ,
lauréat du prix Drake 2019, et Adam Frank souligne l'importance de
combiner différentes perspectives scientifiques. Seule l'intégration des
connaissances sur les environnements planétaires, la biologie évolutive et les
conditions astrophysiques peut nous permettre de comprendre pleinement les
voies menant à la vie intelligente, sur Terre et au-delà.
Un nouvel espoir pour le SETI
Ce nouveau modèle offre une perspective beaucoup plus optimiste quant à la
recherche d'une intelligence extraterrestre . Si la
vie intelligente est bel et bien un produit naturel de l'évolution planétaire,
alors les chances de succès du SETI sont nettement supérieures à ce que suggère
le modèle des étapes difficiles.
L'avenir de la vie sur Terre
À l'avenir, l'avenir de la biosphère terrestre est limité : selon les estimations, la vie pourrait perdurer encore un milliard à 1,5 milliard d'années. Pourtant, à l'intérieur de cette période, le potentiel évolutif reste immense. Des formes de vie complexes existent déjà sur Terre depuis plus d'un demi-milliard d'années, et avec autant de temps encore disponible, le potentiel d'apparition de nouvelles espèces intelligentes reste fort.
Même si l'humanité venait à disparaître, l'évolution
ne s'arrêterait pas pour autant. D'autres lignées pourraient développer des
capacités cognitives comparables aux nôtres, si les conditions propices sont
réunies.
Les prochaines étapes de Daniel Mills
Le Dr Daniel Mills a annoncé qu'il commencerait bientôt un nouveau poste postdoctoral à l'Université de Düsseldorf, travaillant avec le professeur Bill Martin pour étudier l'origine de la vie - un domaine qu'il n'a pas formellement étudié auparavant mais qu'il est impatient d'explorer.
Au-delà de ce nouveau rôle, il prévoit de poursuivre ses recherches sur les fenêtres d'habitabilité, visant à définir les conditions environnementales spécifiques nécessaires aux transitions évolutives clés, telles que l'origine de la vie, l'émergence des bactéries photosynthétiques, l'évolution des eucaryotes et le développement des animaux. En collaborant avec d'autres géologues et modélisateurs du système terrestre, il souhaite déterminer quand ces conditions environnementales sont apparues sur Terre.
Son objectif ultime est de contribuer à combler le
fossé entre la science planétaire et l’astrobiologie, en fournissant de
nouveaux outils pour la recherche de la vie au-delà de la Terre.
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