jeudi 17 juillet 2025

LES CANADIENS VIENNENT DE PUBLIER LE RAPPORT DE JUIN 2025 DU PRJET SKY - OVNI

LE PROJET SKY CANADA PUBLIE SON RAPPORT


Vous trouverez ci-après ce rapport, vous pourrez découvrir les annexes sur le site du Gouvernement Canadien à l’adresse ci-dessous.

L gouvernement Canadien prend enfin en considération la recherches sur le phénomène OVNI, dans l’objectif d’en savoir plus et d’envisager des solutions quant aux travaux à mener sur ce sujet.

Ce second rapport très étayé, fait le point sur ce qui se passe au Canada dans ce domaine, mais aussi dans le monde. La situation à ce jour en quelque sorte. Il fait état de la désinformation et des mauvaises informations sur ce phénomène, prends en compte les activités des diverses associations qui travaillent sur ce sujet au Canada, fait état après consultation des divers services officiels consultés et propose une méthodologie visant à améliorer les rapports sur les phénomènes observés et des recommandations sur les améliorations a faire en matière de recherche au Canada.

Rien d’exceptionnel, mais un début sensé pour entamer un programme qui pourrait déboucher sur des investigations sérieuses, des études approfondies sur ce dossier. Le début, reste à faire évoluer ce projet qui montre enfin une prise de conscience qui se mondialise sur le phénomène ovni, ce qui est une excellente avancée.

Signalons que ce projet se veut encadré par une clause de non responsabilité : « Il est à noter que le projet sky Canada n'a pas pour but d'accéder à des données de première main (photos, témoignages, etc.) ni de faire de l'OCSA le principal point de contact pour les Canadiens souhaitant signaler des observations ou des expériences personnelles. De plus, il ne vise pas à prouver ou à infirmer l'existence de vie extraterrestre ou de visiteurs extraterrestres. » Donc acte !!!


INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES – ANNEXE ET SOURCE DE CE RAPPORT PUBLIE EN JUIN 2025 QUE VOUS POUVEZ CONSULTER POUR PLUS DE DETAILS

https://science.gc.ca/site/science/en/office-chief-science-advisor/sky-canada-project/management-public-reporting-unidentified-aerial-phenomena-canada#top

Pour information, nous avions publié le rapport préliminaire de janvier 2025, qui est toujours en ligne sur le site du gouvernement Canadien et que vous pouvez consulter à cette adresse :

https://science.gc.ca/site/science/en/office-chief-science-advisor/sky-canada-project/preview-sky-canada-report-ocsa




La Dre Mona Nemer conseillère scientifique en chef du Canada
Projet Sky Canada

On peut trouver des informations ou commentaires évoquant ce rapport sur :

https://www.ctvnews.ca/canada/article/canadas-top-scientist-releases-new-ufo-report-heres-what-you-need-to-know/

https://lactualite.com/actualites/les-canadiens-voudraient-en-savoir-plus-sur-les-ovnis-mais-sans-financer-detude/

Le rapport vient de sortir, il a été encore modifié le 15 juillet 2025, très peu de média ont donc eu l’occasion de le commenter au jour de la rédaction de cette nouvelle.


Gestion des rapports publics sur les phénomènes aériens non identifiés au Canada

Rapport du projet Sky Canada du Bureau du conseiller scientifique en chef du Canada

Juin 2025


Table des matières

·         Résumé exécutif

·         Message du conseiller scientifique en chef du Canada

·         A. Introduction

·         B. Objectifs

·         C. Contexte : PANs et science

o    Des OVNI aux PAN : évolution de la terminologie et élargissement de la portée

o    La science et la recherche de la vie extraterrestre : des approches scientifiques prometteuses

o    Explications courantes des PAN

o    S'attaquer au casse-tête : utiliser la technologie pour étudier les observations d'UAP

o    Briser la stigmatisation : les défis de la recherche universitaire sur les PAN

·         D. Les PAN et le public

o    Désinformation et mésinformation dans le débat public sur les PAN

o    Observations de PAN dans les médias et le public

o    Observations de PAN au Canada : incidence et signalement

·         E. Méthodologie et résultats

o    L'histoire des signalements de PAN au Canada

§  Gouvernement fédéral

§  Consultations avec les ministères et organismes fédéraux

§  Groupes et organisations UAP dirigés par des citoyens

o    Perspectives mondiales sur les signalements de PAN : un aperçu des approches nationales

§  Gestion des signalements de PAN dans les Amériques

§  Gestion des signalements de PAN en Europe

§  Gestion des signalements de PAN en Océanie

§  Gestion des signalements de PAN en Asie

·         F. Recommandations visant à améliorer les rapports et la recherche sur les PAN au Canada

·         G. Conclusion

·         Annexe A : Principales organisations et personnes consultées

·         Annexe B : Enquête canadienne sur l'opinion publique

·         Sources supplémentaires consultées

·         Notes de fin


Résumé exécutif

A. Introduction

Le projet Ciel Canada, dirigé par le Bureau du conseiller scientifique en chef du Canada (BCSC), a été lancé afin d'examiner les pratiques actuelles en matière de signalement public des phénomènes aériens non identifiés (PAN) au Canada. Ce projet a été stimulé par l'intérêt croissant du public et les récents développements dans d'autres pays, notamment aux États-Unis, où des procédures officielles de traitement des observations de PAN sont en cours d'élaboration. L'étude explore le contexte actuel en matière de signalement, identifie les lacunes et formule des recommandations pour améliorer la transparence et la recherche scientifique sur les questions liées aux PAN au Canada.

B. Méthodologie

Le Bureau de la conseillère scientifique en chef a recueilli des renseignements auprès des ministères et organismes fédéraux, des intervenants, des experts et d'autres organisations sur le traitement des observations de PAN signalées par le public au Canada. Les principales organisations et personnes consultées sont énumérées à l'annexe A. Nous avons également examiné des documents publics, tels que des données historiques sur les PAN, ainsi que des rapports et des enquêtes sur les PAN. Cela comprenait l'examen des pratiques et des archives historiques, ainsi que des procédures et des défis actuels liés à la collecte et à l'analyse de données fiables. Nous avons examiné les approches adoptées par d'autres pays, principalement des pays du G7 et quelques membres du Commonwealth. De plus, en 2024, nous avons mandaté la société privée Earnscliffe Strategies.Note de bas de page1mener un sondage en ligne auprès des Canadiens afin de connaître leur opinion sur les PAN. Les résultats du sondage sont présentés à l' annexe B.

C. Principales conclusions

a. Le paysage des signalements de PAN au Canada

Certaines sources publiques estiment que les Canadiens signalent entre 600 et 1 000 observations de PAN chaque année. Selon le sondage commandé pour le projet Sky Canada, un répondant sur quatre affirme avoir personnellement été témoin d'un PAN au cours de sa vie. Cependant, seulement 10 % ont signalé leurs observations et 40 % des répondants ne savaient pas à qui s'adresser pour signaler ces observations. Il est intéressant de noter qu'une majorité de répondants soutiennent l'idée de créer un service gouvernemental fédéral chargé de recueillir les signalements de PAN et de rendre les conclusions publiques.

Des consultations auprès de nombreux ministères et organismes fédéraux ont révélé qu'ils recevaient occasionnellement des informations et des rapports d'observation de PAN de la part de leurs parties prenantes et du public. Cependant, peu de ces organismes enquêtent sur ces observations, sauf si elles relèvent d'aspects spécifiques de leurs mandats respectifs, comme la sécurité nationale, la sécurité des transports ou la sécurité publique. La plupart des ministères ne compilent pas les rapports qu'ils reçoivent, ce qui complique la communication d'informations sur le nombre de signalements ou le type de réponses apportées aux témoins. Actuellement, les signalements de PAN sont répartis entre de multiples organisations gouvernementales et non gouvernementales.

Le Canada, comme de nombreux autres pays, compte plusieurs organisations citoyennes qui se consacrent à la réception, à l'enquête et à la discussion des signalements de PAN. Néanmoins, leur présence ne résout pas la fragmentation du traitement des observations de PAN par les autorités et la communauté scientifique.

b. Lacunes identifiées au Canada

Le projet Sky Canada a mis en évidence plusieurs lacunes et pistes d'amélioration en matière de signalement des PAN au Canada. Parmi celles-ci, on compte :

·         Absence d’un système cohérent et normalisé de signalement et de suivi : les rapports sur les PAN sont reçus par diverses organisations fédérales sous différentes formes avec peu de coordination ou de surveillance, ce qui conduit à une collecte de données incohérente qui entrave les enquêtes scientifiques.

·         Absence de participation du public : Il n'existe aucune plateforme officielle et accessible permettant aux Canadiens de signaler les observations de PAN, d'obtenir des explications potentielles ou de consulter des informations fiables sur les PAN. Cette situation contribue à la prolifération de la mésinformation et de la désinformation.

·         Analyse limitée des signalements d'UAP : Les signalements d'observations d'UAP ne sont pas analysés plus en détail, sauf s'ils sont considérés comme présentant un risque pour la sécurité. Les personnes signalant des observations reçoivent rarement un suivi.

·         Participation scientifique insuffisante : Les efforts visant à étudier les PAN avec rigueur scientifique et à mobiliser la communauté scientifique canadienne ont été limités.

·         L’insuffisance des efforts déployés pour améliorer la culture scientifique, notamment en matière de sciences planétaires, combinée à l’absence d’un système transparent et cohérent de signalement et d’analyse des PAN, exacerbe l’impact de la désinformation et de la mésinformation.

c. Comparaisons internationales

La gestion des signalements de PAN dans plusieurs pays a également été examinée. Bien qu'il n'existe pas de modèle unique ni de norme opérationnelle universellement établie, les processus en place dans quelques pays, notamment les États-Unis, la France et le Chili, offrent des exemples intéressants d'approches coordonnées, transparentes et scientifiquement fondées en matière de signalement de PAN.

Aux États-Unis, le Bureau de résolution des anomalies (AARO) du Département de la Défense, créé en 2022, a structuré les approches de collecte et d'analyse des données sur les observations de PAN, ainsi que de communication des résultats. Par ailleurs, la NASA a publié en septembre 2023 une étude indépendante axée sur la meilleure façon de collecter les futures données sur les PAN pour faire progresser les études scientifiques. Suite à la publication de ce rapport, la NASA a annoncé la création d'un nouveau poste : Directeur de la recherche sur les phénomènes anormaux non identifiés, chargé de poursuivre l'étude des PAN et de coordonner les efforts de recherche.

De même, le GEIPAN ( Groupe d'Études et d'Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non identifiés / UAP Study and Information Group ) opère sous l'égide de l'agence spatiale française CNES ( Centre national d'études spatiales / National Space Study Centre) depuis 1977. Sa mission est de collecter, d'enquêter et d'archiver les rapports UAP et de mettre ses conclusions à la disposition du public.

Au Chili, la SEFAA ( Section d'Études de Phénomènes Aériens Anomales) est l'organisme officiel chargé de la collecte, de l'analyse et de l'étude scientifique des PAN. Elle relève de la Direction générale de l'aéronautique civile.

D. Recommandations

Les mesures suivantes sont proposées à l’examen du gouvernement du Canada afin de : 1) améliorer la coordination et l’analyse des rapports sur les PAN au Canada, 2) promouvoir la confiance du public et atténuer la désinformation, et 3) améliorer la rigueur scientifique et la littérature scientifique entourant les PAN.

Rapports et surveillance des données :

1.      Identifier une piste : Un ministère ou une agence fédérale responsable de la gestion des données publiques sur les PAN doit être identifié.

2.      Créer un service dédié : Ce service recueillerait des témoignages, enquêterait sur les cas et publierait ses analyses. Il informerait proactivement les Canadiens sur les PAN.

3.      Améliorer la capacité de signalement dans l'aviation civile : Transports Canada devrait encourager les pilotes, les équipages de cabine et les contrôleurs aériens à signaler les observations de PAN sans crainte de stigmatisation. En collaboration avec NAV CANADA, ils devraient analyser les signalements de PAN afin de suivre les tendances et de fournir des explications aux pilotes, contribuant ainsi à réduire les distractions pendant les vols.

Communications :

4.      Soutenir le dialogue public : une stratégie proactive visant à accroître la transparence et la communication avec le public concernant les PAN devrait être élaborée.

5.      Promouvoir les collaborations intragouvernementales : Une directive interne visant à garantir la collaboration entre toutes les agences fédérales disposant d’une expertise ou de données pertinentes aiderait l’organisation principale à fournir des explications aux témoins et à corréler les observations récentes avec les rapports précédents.

6.      Améliorer les relations avec les médias : L’organisation responsable doit jouer un rôle important dans l’atténuation de la désinformation et de la mésinformation en répondant aux demandes du public et des médias liées aux PAN, et en documentant et en communiquant les interprétations erronées courantes des observations.

7.      Promouvoir l’application de données probantes actualisées pour lutter efficacement contre la désinformation et la mésinformation : entre autres, un groupe d’experts multidisciplinaire devrait être mis en place pour conseiller l’organisation chef de file sur les approches efficaces pour lutter contre la désinformation et la mésinformation.

Recherche:

8.      Faciliter l’accès libre et les données ouvertes : les données relatives aux PAN doivent être mises à la disposition du public à des fins de transparence et pour soutenir la recherche.

9.      Mener des enquêtes : Des enquêtes périodiques auprès des Canadiens devraient être menées pour évaluer leurs perceptions des PAN et l’impact des services dédiés.

10.  Soutenir la science citoyenne : des initiatives et des programmes de science participative devraient être développés pour permettre la participation bénévole à l’étude des PAN.

11.  Fournir des outils de collecte de données : Le développement et le déploiement d’outils numériques et portables accessibles au public doivent être soutenus pour faciliter le signalement des observations d’UAP et aider à collecter des données standardisées.

12.  Miser sur les atouts du Canada en recherche astronomique et aérospatiale : le Canada dispose d'un formidable bassin de talents et d'infrastructures de recherche physique dédiées à ce secteur. Les membres de cette communauté devraient avoir la possibilité de participer au dialogue public sur les PAN.

Collaboration internationale :

13.  Partage d'informations : L'organisation chef de file devrait établir des partenariats avec des entités internationales dédiées aux PAN, telles que AARO et NASA (États-Unis), GEIPAN (France) et SEFAA (Chili).

14.  Coopération en matière de recherche et de communication : Le Canada devrait collaborer activement avec des partenaires internationaux pour des collaborations en matière de recherche et des efforts de sensibilisation du public.

E. Conclusion

Une approche plus structurée de la gestion des signalements de PAN au Canada serait bénéfique à plusieurs égards. Elle améliorerait la transparence et lutterait contre la désinformation ; elle démontrerait également l'engagement du Canada envers la rigueur et la recherche scientifiques. Cela renforcerait non seulement la confiance du public, mais positionnerait également le Canada, aux côtés de certains de ses alliés, comme chef de file dans l'effort mondial visant à élucider la nature des PAN.

L’adoption d’une approche collaborative fondée sur la science contribuera à répondre aux préoccupations du public, à démystifier les PAN et à révéler potentiellement des informations précieuses sur des phénomènes aériens actuellement inexpliqués.


Message du conseiller scientifique en chef du Canada

Qu'il s'agisse de satellites, de drones, d'avions ou d'événements atmosphériques, nul ne peut nier l'activité croissante du ciel. Notre capacité à comprendre ce que nous observons dépend d'une multitude de facteurs, tels que l'heure de la journée, la couverture nuageuse, la distance et le contraste des couleurs. Il est rare de confondre une volée d'oies volant en V avec un escadron de chasse volant à haute altitude. Mais parfois, ce que l'on observe dans le ciel n'est pas immédiatement clair, et l'on peut se demander s'il s'agit d'un phénomène naturel, d'un nouveau type d'avion ou de quelque chose de complètement différent.

Le monde de l'aviation continue de croître et de se diversifier, répondant aux besoins des entreprises, de la défense nationale, du tourisme et des loisirs. Plus de 100 000 vols commerciaux ont lieu chaque jour dans le monde. Les ingénieurs cherchent à améliorer la forme des avions et à trouver des matériaux plus légers et plus résistants pour les rendre plus rapides et plus performants. Afin d'économiser l'énergie et de réduire l'impact environnemental du transport aérien, il est même envisagé d'utiliser des dirigeables et des ballons de différents types pour le transport de passagers et de fret. Parallèlement, la technologie des drones devient de plus en plus abordable et impressionnante, permettant à presque tout le monde de piloter des appareils aussi petits qu'un oiseau ou aussi grands qu'un véhicule. Peut-on identifier ces appareils de nuit comme de jour ? Peut-on évaluer avec précision leur distance et leur vitesse en se basant uniquement sur leurs feux de navigation ?

Une lumière se déplaçant lentement dans le ciel nocturne pourrait être un drone à 100 mètres du sol ou un satellite à 600 kilomètres d'altitude reflétant le soleil. À l'œil nu, un train de satellites de communication Starlink apparaît comme de faibles points lumineux se déplaçant en ligne droite et dans un silence complet. Si l'observateur ne reconnaît pas les signes de cette nouvelle technologie, y aura-t-il quelqu'un à proximité pour lui fournir les informations correctes ? Ou s'appuiera-t-il sur les réseaux sociaux pour partager ce qu'il a vu et trouver des explications ?

Les médias sociaux et Internet offrent tout ce qu'il y a de bon, de très bon, de pire et de pire. Quel site web canadien peut-on consulter pour signaler des observations de phénomènes aériens non identifiés (PAN) ? À quel organisme officiel peut-on envoyer des photos, des vidéos ou des descriptions détaillées pour comprendre ce qu'on ne peut expliquer soi-même ? C'est avec ces questions en tête que nous avons lancé le projet Ciel Canada.

Notre objectif était de recenser les ressources et les processus actuellement en place pour le traitement et le suivi des signalements de PAN, de les comparer aux meilleures pratiques d'autres pays et de formuler des recommandations d'améliorations potentielles. Par conséquent, ce rapport se concentre sur les services offerts au public canadien pour signaler les PAN, et non sur les PAN eux-mêmes ; il est essentiel de comprendre cette distinction pour lire le rapport. Le projet Ciel Canada ne vise pas à étudier ce que sont les PAN. Il s'agit de mettre la science au service de tous.

La préparation de ce rapport a suscité plus d'impatience publique que tout autre projet dans l'histoire de ce bureau. De nombreuses personnes et organisations ont proposé leur aide, et nous les remercions de leur intérêt.

Au nom de l'équipe du projet Sky Canada, je tiens à remercier les nombreux contributeurs qui ont accepté de répondre à nos questions pour appuyer notre travail : fonctionnaires fédéraux, journalistes, universitaires canadiens et étrangers, experts en la matière et membres du public. Notre étude n'aurait pas pu être menée à bien sans leur contribution.

 



A. Introduction

Depuis l'aube de l'humanité, le ciel est une source profonde de fascination, d'émerveillement et d'inspiration. Souvent considéré comme un royaume mystérieux et inaccessible, il a également été imaginé comme la demeure d'êtres divins et d'animaux mythiques, le support de légendes et le fondement d'innombrables systèmes de croyances. À travers les civilisations, les humains ont cherché un sens aux phénomènes célestes – qu'il s'agisse d'éclipses, de comètes, de nuages ou de lumières énigmatiques du ciel nocturne –, interprétant ces événements à travers le prisme de la religion, de la culture et de l'imaginaire.

L'humanité a évolué, tout comme sa compréhension de son environnement. L'émergence de disciplines scientifiques telles que l'astronomie, la géologie, la biologie, la physique et la chimie a marqué un tournant radical, passant des interprétations mythologiques à la recherche empirique. Du modèle héliocentrique révolutionnaire proposé par Copernic aux révélations télescopiques de Galilée, en passant par l'ère de la génomique, de l'aéronautique et de l'intelligence artificielle, chaque avancée a clarifié des phénomènes autrefois considérés comme surnaturels. Le mouvement des planètes, la durée de vie des étoiles, l'évolution des organismes vivants et la mécanique des systèmes météorologiques sont devenus compréhensibles, enrichissant notre compréhension de la nature. Pourtant, malgré ces avancées monumentales, le ciel conserve une part de mystère. Symbole de ce que nous avons appris comme de ce qu'il nous reste à découvrir, le ciel continue d'inspirer le désir d'exploration, de réflexion et d'émerveillement.

Au Canada, comme ailleurs dans le monde, les gens s'émerveillent devant le ciel et sont parfois intrigués par ce qu'on appelle aujourd'hui les « phénomènes aériens non identifiés » (PAN), qui suscitent parfois une curiosité et des débats considérables. Les rapports de pilotes, de militaires et de civils décrivent parfois des observations de lumières étranges, d'objets se déplaçant anormalement ou de phénomènes célestes pour lesquels aucune explication immédiate ne peut être fournie. Si bon nombre de ces observations peuvent être attribuées à des illusions d'optique, à des phénomènes atmosphériques ou à l'activité humaine, une minorité demeure inexpliquée pour une multitude de raisons, notamment le manque de données fiables qui empêche une analyse scientifique rigoureuse. Pourtant, ces observations inexpliquées suscitent l'intérêt et peuvent être la source de mésinformation ou de désinformation. L'un des principaux problèmes liés à la mésinformation et à la désinformation est leur impact sur la confiance du public. Lorsque les gens sont exposés à répétition à de faux récits, ils peuvent devenir sceptiques à l'égard des sources crédibles, notamment les scientifiques, les journalistes et les institutions gouvernementales.

Début 2023, plusieurs incidents très médiatisés au Canada ont attiré l'attention du public. En deux semaines, quatre objets non identifiés ont survolé l'espace aérien nord-américain. Le premier, et le plus largement médiatisé, était un ballon à haute altitude qui a survolé l'Alaska, l'ouest du Canada et les États-Unis vers l'est, du 28 janvier au 4 février. L'US Air Force l'a finalement abattu au-dessus des eaux territoriales américaines, au large de la Caroline du Sud. Les débris récupérés ont permis d'identifier l'objet comme provenant d'un pays étranger et transportant du matériel sophistiqué.

Une semaine plus tard, le 11 février 2023, le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) a ordonné l'abattage d'un ballon plus petit au-dessus du Yukon. Deux autres petits ballons volant à haute altitude ont été abattus au-dessus de l'espace aérien américain : l'un dans le nord de l'Alaska le 10 février, et le second au-dessus du lac Huron le 12 février. Selon une brève déclaration d'un porte-parole de la GRC à CTVNews.caNote de bas de page2Les débris récupérés sur les rives du lac Huron n'ont pas été jugés comme présentant un risque pour la sécurité nationale.

Ces incidents récents ont mis en lumière l'importance d'une enquête gouvernementale sur ce qui apparaît dans le ciel et la complexité de la distinction entre les phénomènes naturels, les dispositifs technologiques courants et les problèmes de sécurité potentiels. Ce rapport vise à poser un jalon dans la quête du Canada pour une meilleure approche de gestion et d'étude des PAN.


B. Objectifs

Début 2023, l'OCSA a annoncé la création du projet Sky Canada. Ses principaux objectifs étaient initialement les suivants :

·         examiner les méthodes actuelles de signalement des PAN au Canada et proposer des améliorations au besoin,

·         de permettre au gouvernement fédéral du Canada d'optimiser la collecte et l'analyse des observations de PAN de manière transparente,

·         pour fournir des informations sur de meilleurs outils de lutte contre la désinformation et la mésinformation,

·         encourager la science participative et la compréhension publique des phénomènes aériens,

·         pour appuyer la surveillance de l’espace aérien du Canada.

De plus, afin d’évaluer la volonté du Canada de collaborer avec ses alliés en matière de signalement des PAN, un objectif secondaire important était de comparer les pratiques du Canada avec celles d’autres pays, en particulier les pays du G7.

L'OCSA a clairement défini les aspects que le projet Sky Canada ne visait pas à aborder. Le projet ne visait pas à prouver ou à réfuter l'existence de vie extraterrestre ou de visiteurs extraterrestres. La collecte ou l'analyse de données de première main, telles que des photos, des vidéos ou des rapports d'observation de PAN, ne faisait pas partie du projet. Enfin, le projet ne doit pas être perçu comme une tentative de faire du Bureau du conseiller scientifique en chef le principal point de contact pour le signalement des observations de PAN au Canada. De plus, il ne vise pas à positionner l'OCSA comme l'organisme principal chargé de lancer ou de gérer des collaborations internationales liées à la recherche ou aux enquêtes sur les PAN.

Ce rapport présente les conclusions du projet Sky Canada, notamment :

·         les défis associés à la collecte et à l'analyse de données fiables sur les observations d'UAP,

·         un examen des pratiques historiques du gouvernement fédéral du Canada en matière de signalement des PAN,

·         une description de la façon dont les ministères et organismes du gouvernement canadien reçoivent et gèrent actuellement les informations relatives aux PAN de la part de leurs partenaires et du public, ainsi qu'un bref aperçu des groupes non gouvernementaux qui reçoivent également des rapports d'observation d'UAP de la part du public,

·         un résumé des approches adoptées par quelques autres pays.

Le rapport propose quatorze recommandations pour améliorer les rapports et la collecte de données sur les observations d’UAP au Canada.


C. Contexte : PANs et science

Le mystère des phénomènes célestes non identifiés fascine depuis longtemps l'humanité, captivant l'imagination du public et suscitant à la fois scepticisme et curiosité. La terminologie décrivant ces événements célestes non identifiés a évolué au fil du temps, reflétant une évolution de l'approche scientifique et de la perception sociétale. Le passage du terme autrefois omniprésent « OVNI » (Objet Volant Non Identifié) à celui, plus récent et plus nuancé, de « PAN » (Phénomène Aérien ou Anormal Non Identifié) marque un élargissement du champ d'application et une évolution vers plus de crédibilité et d'ouverture. Historiquement, les OVNI ont été associés à la spéculation extraterrestre et souvent tournés en dérision. Cette section explore l'évolution de la terminologie, les implications de ce changement pour la recherche et la perception du public, ainsi que le rôle de la science et de la technologie dans l'analyse de ces phénomènes énigmatiques. Elle aborde également la recherche plus large de la vie extraterrestre, le potentiel des nouvelles découvertes en astrobiologie et les défis auxquels sont confrontés les chercheurs travaillant dans ce domaine souvent stigmatisé.

Des OVNI aux PAN : évolution de la terminologie et élargissement de la portée

Jusqu'à récemment, le terme « OVNI » était utilisé pour décrire des phénomènes aériens impossibles à identifier de manière concluante. Les OVNI sont, par définition, non identifiés, mais cela ne signifie pas qu'ils soient d'origine extraterrestre, qu'ils échappent à toute explication naturelle ou scientifique, ou qu'ils ne seraient pas identifiables avec l'accès à des données et outils supplémentaires ou plus précis.

L'abréviation « PAN » (Phénomène Aérien ou Anormal Non Identifié) est un terme récent et de plus en plus répandu. Les PAN englobent un ensemble plus large de mouvements (comme l'immobilité dans les airs, la chute ou la flottaison et l'immersion dans l'eau) ainsi que des phénomènes non matériels (comme les gaz et les lumières).

Ce changement de terminologie pourrait réduire la stigmatisation historique associée aux observations d'OVNI. Les témoins étaient souvent accueillis avec scepticisme et moquerie, ce qui a donné lieu à des perceptions négatives et à des jugements arbitraires. La stigmatisation peut avoir des conséquences importantes, comme décourager les témoins de se manifester et entraver la recherche scientifique. La nouvelle terminologie, plus globale, relative aux PANs peut contribuer à promouvoir une plus grande transparence, crédibilité et acceptation de la recherche dans les milieux professionnels et scientifiques, ainsi que dans le grand public.

Bien que le terme OVNI continue d'être utilisé, les gouvernements et autres organisations adoptent progressivement le terme plus général « PAN ». Ce rapport utilisera l'abréviation « PAN » pour décrire des activités plus récentes, et « OVNI » pour des activités plus historiques, bien que ces termes soient largement interchangeables.

La science et la recherche de la vie extraterrestre : des approches scientifiques prometteuses

Aucune vie extraterrestre n'a été détectée à ce jour, mais la plupart des scientifiques impliqués dans cette quête estiment que sa découverte n'est qu'une question de temps. Ils estiment qu'avec des milliards d'étoiles semblables au Soleil dans notre seule galaxie, la Voie lactée, il est fort probable que certaines d'entre elles soient orbitées par des planètes semblables à la Terre. Partant de cet argument, il est plausible que de la vie extraterrestre ait existé par le passé, ou aujourd'hui, ou qu'elle puisse éventuellement apparaître sur d'autres planètes hors de notre système solaire ; peut-être même une vie intelligente capable de progrès technologiques. La plupart des Canadiens partagent ce point de vue, comme le montre un sondage Ipsos réalisé auprès de plus de 1 001 Canadiens en mai 2021, qui indique qu'une solide majorité (65 %) des personnes interrogées croient à l'existence d'une vie intelligente ailleurs dans l'univers.Note de bas de page3.

La science repose sur des investigations rigoureuses et systématiques, et des preuves substantielles doivent être rassemblées et vérifiées avant de tirer des conclusions. Cela est particulièrement vrai lorsque les scientifiques sont confrontés à des affirmations extraordinaires, comme la présence de vaisseaux extraterrestres dans le ciel. C'est ce que voulait dire le célèbre astronome et écrivain Carl Sagan lorsqu'il a déclaré : « Les affirmations extraordinaires exigent des preuves extraordinaires. »Note de bas de pageun

Comment la méthode scientifique pourrait s'appliquer aux PAN

La méthode scientifique est un processus systématique et itératif utilisé pour étudier l'univers qui nous entoure, acquérir de nouvelles connaissances et affiner ou corriger nos connaissances actuelles. Son application aux PANs pourrait comprendre plusieurs étapes clés, notamment :

1.      Observation : Recueillir des rapports et des données sur les observations de PAN, y compris, mais sans s'y limiter, des témoignages oculaires, des photographies et des vidéos, des données radar et des preuves matérielles, en veillant à ce que les informations recueillies soient objectives et impartiales. Cela peut impliquer le développement de nouveaux instruments spécifiquement conçus pour améliorer la précision et la fiabilité des données.

2.      Hypothèse : Pour chaque cas étudié, explorer les explications possibles de l’observation. Celles-ci peuvent aller d’un phénomène naturel à une technologie humaine avancée, en passant par une fraude ou un dysfonctionnement d’instrument.

3.      Expérimentation : Tester l’hypothèse. Si les expériences traditionnelles peuvent s’avérer complexes en raison de la nature insaisissable des PAN (l’observation ne peut être répétée comme dans une expérience en laboratoire contrôlée), les chercheurs peuvent réaliser des simulations, analyser des données existantes ou passées, ou utiliser des outils d’observation (comme les radars ou les satellites) pour recueillir des informations supplémentaires.

4.      Analyse : Examiner et analyser les données pour rechercher des tendances, des anomalies ou des corrélations. Cela peut inclure la comparaison des rapports de PAN avec des phénomènes atmosphériques connus ou avec le comportement et la trajectoire de vol des aéronefs.

5.      Conclusion : Tirer des conclusions de l'analyse. Cela peut impliquer de classer un PAN donné en phénomènes connus, observations inexpliquées par manque de données ou zones nécessitant une investigation plus approfondie.

6.      Communication : Partager les résultats avec la communauté scientifique, les agences gouvernementales et le public, par le biais d’articles de recherche ou de rapports et via un portail en ligne accessible au public.

L’application de la méthode scientifique aux PAN permet d’assurer une approche rigoureuse et objective de la compréhension de ces phénomènes tout en favorisant la pensée critique et en faisant progresser les connaissances scientifiques.

La recherche de vie extraterrestre implique plusieurs domaines, dont l'astronomie, la biologie et la planétologie, et s'appuie à la fois sur des modèles théoriques et des preuves empiriques. Bien qu'il n'existe encore aucune preuve de l'existence de vie extra-terrestre, plusieurs raisons incitent à l'optimisme quant à cette possibilité, notamment :

·         Découverte d'exoplanètes : Des instruments comme le télescope spatial James Webb (JWST) permettent aux scientifiques d'analyser l'atmosphère de milliers d'exoplanètes (planètes situées hors de notre système solaire). Nombre d'entre elles se trouvent dans la « zone habitable » de leur soleil.

·         Astrobiologie et extrémophiles : La découverte des extrémophiles – des organismes qui prospèrent dans des conditions extrêmes – a élargi notre compréhension des endroits où la vie pourrait exister et de ce à quoi la vie extraterrestre pourrait ressembler, en particulier dans des environnements difficiles.

·         Planètes du système solaire : Mars suscite une attention particulière en raison des traces d'eau liquide présentes dans le passé. Le rover Perseverance de la NASA explore Mars à la recherche de signes de vie microbienne ancienne. Des lunes comme Europe de Jupiter et Encelade de Saturne, qui abritent des océans souterrains sous des surfaces glacées, sont également considérées comme des habitats potentiels pour la vie microbienne.

·         SETI : La recherche d'intelligence extraterrestre (SETI) utilise des radiotélescopes pour détecter des signaux provenant de civilisations technologiques. Malgré plusieurs décennies de recherche, aucun signal n'a encore été confirmé. Des projets comme Breakthrough Listen visent à scruter des millions de systèmes stellaires à la recherche de signes de telles civilisations.

·         Recherche sur les bio- et techno-signatures : Les scientifiques recherchent des indicateurs observables pouvant suggérer la présence de vie (bio-signatures) ou de technologie (techno-signatures). Ces indicateurs peuvent prendre la forme de marqueurs chimiques, tels que des gaz ou des molécules organiques spécifiques, produits par des organismes vivants ou par des moyens technologiques. De nouveaux modèles sont en cours d'élaboration pour prédire la nature de ces marqueurs sur différents types d'exoplanètes.

La communication à distance avec des civilisations extraterrestres, si elle se concrétise un jour, relèvera davantage du marathon que du sprint, en raison des vastes distances qui séparent les systèmes solaires. Même des signaux voyageant à la vitesse de la lumière peuvent mettre des milliers d'années à se propager dans les deux sens. L'improbabilité de la présence d'une autre civilisation technologiquement avancée à proximité, l'absence de signaux SETI à ce jour et les immenses défis des voyages interstellaires sont les principales raisons pour lesquelles il existe un fort consensus parmi les scientifiques sur le fait que les PAN ne sont pas des véhicules extraterrestres. Mais, comme toujours en science, de nouvelles preuves (telles que les signaux SETI ou d'autres données) pourraient modifier l'opinion scientifique dominante.

Explications courantes des PAN

La plupart des observations de PAN peuvent être expliquées par une enquête et une analyse minutieuses, à condition de disposer de données fiables et suffisantes. Par exemple, le GEIPAN (Groupe d'Études et d'Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non Identifiés), qui enquête sur les observations de PAN en France, rapporte que sur les 3 188 cas recensés en 2025, seuls 3,2 % sont restés non identifiés après enquête. De plus, 31,4 % des cas n'ont pu être expliqués faute de données suffisantes.Note de bas de page4De même, le Mutual UFO Network (MUFON) Canada rapporte que, sur les 321 observations qu’il a enquêtées en 2023, 31 % n’ont pas pu être expliquées de manière concluante en raison d’informations trop vagues.

Dans la plupart des cas, les observations de PAN peuvent être expliquées par des explications relativement simples, notamment :

·         Aéronefs conventionnels : Les PAN peuvent être des aéronefs conventionnels qui ne sont pas immédiatement reconnus, surtout s'ils sont vus de loin ou dans des conditions de mauvaise visibilité.

·         Phénomènes météorologiques : Les conditions atmosphériques peuvent créer des effets visuels inhabituels. Par exemple, les cristaux de glace, les tempêtes, les nuages ou les inversions de température peuvent parfois faire apparaître des lumières ou des objets de manière inhabituelle et difficile à identifier.

·         Objets astronomiques : Les planètes, les étoiles ou les météores peuvent parfois être mal identifiés car leur apparence peut changer en fonction des conditions atmosphériques ou de leur position dans le ciel.

·         Objets artificiels : Les ballons météorologiques, les drones, les ballons et satellites de télécommunication, les lanternes volantes ou les avions expérimentaux peuvent également être classés comme PAN par les observateurs. Ces objets peuvent présenter des trajectoires de vol ou un éclairage inhabituels, source de confusion.

·         Illusions d’optique : les reflets, les reflets d’objectif ou d’autres effets optiques peuvent créer l’apparence de quelque chose d’inhabituel dans le ciel.

·         Erreur humaine : une mauvaise interprétation d’objets ou de phénomènes du quotidien, tels que les lumières d’un avion vues sous un angle différent, peut conduire à des rapports d’UAP.

Néanmoins, certaines observations d’UAP – pour lesquelles des données existent – restent inexpliquées même après enquête.

S'attaquer au casse-tête : utiliser la technologie pour étudier les observations d'UAP

Les nouvelles technologies peuvent contribuer au signalement et à l'analyse des PAN. Par exemple, la start-up technologique Enigma Labs a lancé une application iOS en temps réel.Note de bas de page5pour les téléphones intelligents en 2023. Cette application capture les observations et les compile dans une base de données standardisée et facilement consultable, qui peut être analysée par le public et les chercheurs. Elle permet également aux utilisateurs de partager des informations sur leurs observations. L'application Enigma comprend plus de 14 000 rapports d'observation de PAN au Canada, dont certains couvrent des rapports d'observation historiques téléchargés d'autres sources. Il est intéressant de noter que le sondage réalisé par Earnscliffe Strategies pour le projet Sky Canada a révélé que deux répondants sur cinq souhaitent utiliser une application mobile pour documenter les PAN (voir l'annexe B ).

L'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) dans ce contexte est particulièrement prometteuse. Grâce au volume croissant de données rendu possible par les technologies des smartphones, comme l'application d'Enigma Labs, l'IA pourrait considérablement simplifier et standardiser le processus d'examen et d'évaluation des observations de PAN. L'IA peut aider à analyser de vastes quantités de données provenant de sources diverses, telles que des bases de données sur la localisation des avions, des satellites, des étoiles, des planètes et des conditions météorologiques. Cette capacité pourrait contribuer à interpréter plus précisément les données visuelles issues des observations de PAN et à identifier des tendances.

Un autre exemple est le projet Galileo de l’Université Harvard.Note de bas de page6Le projet Galileo développe des instruments spécifiquement conçus pour surveiller le ciel de manière empirique et systématique. Il utilise des technologies, notamment des outils d'IA, pour analyser les données collectées et détecter des anomalies qui pourraient autrement passer inaperçues. En appliquant une approche axée sur les données, le projet Galileo vise à renforcer la rigueur scientifique des études sur les PAN.

De telles initiatives pourraient s’avérer cruciales pour passer des preuves anecdotiques à une analyse scientifique plus rigoureuse et pourraient contribuer à améliorer la qualité de la recherche sur les UAP.

Briser la stigmatisation : les défis de la recherche universitaire sur les PAN

Bien qu'il puisse exister une justification scientifique valable à l'étude des PAN, de nombreux chercheurs universitaires semblent craindre la stigmatisation associée à la poursuite de recherches sur ce sujet. Une enquête récenteNote de bas de page7Une enquête menée auprès de 1 460 professeurs titulaires ou en voie de titularisation dans 144 universités à forte intensité de recherche aux États-Unis a révélé que 53 % d'entre eux pensaient que la recherche liée à l'UAP mettrait en péril leur titularisation ou leur promotion, même si seulement 7 % avaient une opinion négative de ce type de recherche.

Un examen par l'OCSA de deux des principaux organismes fédéraux de financement de la recherche au Canada a révélé très peu de projets financés liés aux PAN. Par exemple, au cours des 25 dernières années, aucune demande de subvention ou de financement n'a été déposée auprès du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) en lien direct avec les PAN, et seulement sept demandes et deux subventions ou bourses ont été déposées auprès du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH). Par conséquent, l'OCSA n'a recensé qu'une douzaine de thèses de doctorat portant sur les PAN au Canada au cours de cette même période de 25 ans. Parmi celles-ci figuraient les recherches de Matthew Hayes à l'Université Trent, qui ont donné lieu à un ouvrage exhaustif intitulé Search for the Unknown: Canada's UFO Files and the Rise of Conspiracy Theory (McGill-Queen's University Press, Montréal, 2022). Cet ouvrage explore l'histoire des observations de PAN au Canada, la réaction du gouvernement et la perception qu'en a eue le public.

Favoriser la découverte : le rôle de la science participative dans l'engagement des communautés

La science participative, historiquement appelée science citoyenne, implique l'engagement de bénévoles du public comme assistants de recherche dans des projets scientifiques. Elle permet aux chercheurs de collecter de vastes quantités de données sur des zones géographiques plus vastes et sur des périodes plus longues que ce qui serait possible avec une petite équipe de scientifiques et un nombre limité d'instruments. Cette approche accélère non seulement la découverte scientifique, mais renforce également, et c'est tout aussi important, la confiance du public dans la science. De plus, la science participative favorise la culture scientifique en offrant de nouvelles possibilités de participer activement aux initiatives de recherche, en collaborant avec des scientifiques professionnels à la collecte, à l'analyse et à l'interprétation des données, tout en se familiarisant avec la méthode scientifique. Comme l'indique le rapport du Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes sur la science citoyenne (2023),Note de bas de page8Ces initiatives sont particulièrement utiles pour combler les lacunes en matière de données et éclairer les politiques publiques, notamment dans les domaines de la santé (par exemple, le suivi de la grippe) et de l'environnement (par exemple, la surveillance des espèces). Ces contributions démontrent le rôle essentiel que les scientifiques citoyens peuvent jouer dans l'avancement des connaissances et la prise de décision fondée sur des données probantes.

L’application de la méthode scientifique, les progrès dans la technologie de collecte de données et les initiatives telles que la science participative représentent des étapes importantes pour traiter les observations d’UAP avec objectivité et précision.


D. Les PAN et le public

La façon dont les rapports d'observations de PAN sont présentés et diffusés influence considérablement la perception du public. Certaines observations suscitent une large attention, alimentée par des témoignages convaincants, des preuves documentées ou des circonstances extraordinaires. La couverture médiatique et la culture populaire ont également façonné ces récits, inscrivant certains cas dans la mémoire collective. En particulier, des observations canadiennes bien documentées, comme la rencontre de Falcon Lake ou l'incident de Shag Harbour, sont devenues des références culturelles, commémorées non seulement dans les traditions locales, mais aussi par des initiatives comme les pièces de monnaie de la Monnaie royale canadienne sur le thème des PAN, comme nous le verrons plus loin.

Malgré l'intrigue, le discours autour des PANs est souvent fragmenté, avec des mécanismes de signalement incohérents et des niveaux de crédibilité variables selon les sources. La montée des théories du complot, de la désinformation et du sensationnalisme peut encore brouiller les pistes, rendant plus difficile pour le public de distinguer le vrai du faux.

Cette section explore la relation complexe entre les observations de PAN, la couverture médiatique et la perception du public. Elle examine la façon dont certaines observations gagnent en notoriété, le rôle des médias dans la formation des perceptions et les implications culturelles et scientifiques plus larges de ces phénomènes. Elle offre également un aperçu de l'histoire des signalements de PAN au Canada.

Désinformation et mésinformation dans le débat public sur les PAN

Face à la fascination, à la complexité et à l'incertitude croissantes du domaine des PAN, celui-ci connaît également une montée de la mésinformation et de la désinformation. Ces défis impactent considérablement le paysage numérique actuel, influençant l'opinion publique et la prise de décision. Les fausses informations se propagent via une interaction complexe entre les réseaux sociaux, les sites d'information en ligne, les médias traditionnels et les événements publics. De fait, les interactions sur ces canaux peuvent amplifier la désinformation, rendant difficile pour le public de distinguer les informations fiables des spéculations, des mensonges ou du sensationnalisme. L'implication de sources crédibles, notamment les agences gouvernementales et la communauté scientifique, est cruciale pour combler ce vide informationnel. Pour y parvenir, un cadre clair et transparent de communication et d'analyse des données doit être établi.

Le projet Sky Canada a examiné les pratiques gouvernementales actuelles en matière de signalement des PAN afin de déterminer dans quelle mesure ces pratiques pourraient résoudre deux types de problèmes liés à l'information : la mésinformation et la désinformation. La mésinformation désigne des informations inexactes ou fausses qui circulent involontairement dans la sphère publique, souvent longtemps après qu'elles ont été prouvées fausses, tandis que la désinformation désigne des informations fausses visant délibérément à induire les gens en erreur.

Ces dernières années, la désinformation, la mésinformation et les théories du complot ont de plus en plus retenu l'attention des chercheurs de divers domaines (communication, économie, journalisme, marketing, philosophie, psychologie, sciences politiques, sociologie, etc.). L'un des principaux enseignements de ces recherches est l'importance de fournir rapidement des explications claires pour contrer, ou du moins réduire, la propagation d'idées trompeuses.

Dans le monde actuel de surcharge d’informations, les lacunes en matière d’information sont souvent rapidement comblées par la désinformation ou la mésinformation.Note de bas de page9Lorsque les gens ressentent de l’incertitude ou de la peur, ils sont plus susceptibles de chercher des explications pour reprendre le contrôle de leur situation.Note de bas de page10La désinformation fournit des explications fausses, mais parfois réconfortantes, qui peuvent être séduisantes, même si elles ne reposent sur aucun fait. Les gens peuvent rechercher des explications qui confirment leurs croyances, les conduisant potentiellement à accepter des conclusions biaisées ou des théories du complot.Note de bas de page11.

 

Des recherches ont montré que les théories du complot sont contagieusesNote de bas de page12Une fois ancrées, elles sont difficiles à démystifier. Il existe un biais cognitif qui pousse les gens à croire la première information entendue, même si elle s'avère fausse par la suite.Note de bas de page13Les stratégies réactives comme la démystification (tenter de réfuter la désinformation) ou la riposte ont tendance à être moins efficaces que les stratégies préventives.Note de bas de page14. Une telle prévention, également appelée « pré-intoxicant », semble être l’approche la plus efficace.Note de bas de page15Il s’agit de fournir des informations correctes à l’avance pour éviter la propagation de faussetés.

 

Les fausses histoires se propagent souvent plus vite que les corrections factuelles, car elles sont généralement plus convaincantes émotionnellement. Par conséquent, l'inaction n'est jamais la meilleure option.Note de bas de page16Un dialogue ouvert et transparent avec le public, notamment avec des personnalités de confiance comme les scientifiques, est essentiel pour combler les lacunes en matière d'information et renforcer la confiance dans les institutions. Lorsque les citoyens font confiance aux sources d'information, ils sont moins susceptibles d'adhérer aux théories du complot.Note de bas de page17Cela souligne la nécessité d’une source d’information fiable et crédible sur les PAN, capable de fournir rapidement et précisément des explications aux témoins, aux médias et au grand public.

 

Une autre préoccupation majeure concerne le rôle de la technologie dans l'accélération de la diffusion de fausses informations. Les plateformes de médias sociaux, les algorithmes de recommandation et les technologies de deepfake rendent de plus en plus difficile la distinction entre réalité et fiction. En fin de compte, la lutte contre la mésinformation et la désinformation exige une combinaison d'éducation aux médias, d'utilisation responsable des technologies et d'efforts proactifs de vérification des faits, tant de la part des individus que des institutions. L'implication de sources crédibles, notamment des agences gouvernementales et de la communauté scientifique, peut contribuer à combler le vide informationnel dans la sphère publique. Pour ce faire, un cadre clair et transparent de communication et d'analyse des données doit être mis en place.

Observations de PAN dans les médias et le public

Les observations publiques de phénomènes aériens non identifiés peuvent être déroutantes pour les personnes qui en font l'expérience, les incitant à rechercher des informations et des réponses. Si cette recherche peut ouvrir les esprits au raisonnement scientifique, elle peut aussi les exposer à la désinformation et aux théories du complot, surtout s'ils ne savent pas quelles organisations fiables peuvent les aider.

Bien que la plupart des signalements d'observations de PANs suscitent peu d'intérêt, certains deviennent célèbres. Les observations documentées par vidéo ou photographie, réalisées par des témoins de première ligne comme des policiers ou des militaires, ou partagées par plusieurs témoins indépendants, tendent à être considérées comme plus crédibles. Les caractéristiques de vol qui semblent défier les lois connues de la physique suscitent l'intérêt du public. Les observations qui se produisent sur de longues périodes, sur de vastes zones géographiques ou en plein jour sont plus remarquables. Lorsque les observations rapportées alimentent la couverture médiatique, incitent les gouvernements à agir ou à mener des recherches scientifiques, ou imprègnent la culture populaire par le biais de films ou de livres, elles peuvent s'ancrer dans la mémoire collective.

Les cinq observations suivantes comptent parmi les cas de PAN les plus connus signalés au Canada au cours des dernières décennies et ont été commémorées par la Monnaie royale canadienne sur des pièces de monnaie :

·         20 mai 1967, près de Falcon Lake, Manitoba : Stefan Michalak, qui prétendait avoir rencontré un OVNI atterri alors qu'il prospectait des minéraux, aurait été brûlé par une explosion de gaz chaud ou d'air.

·         4 octobre 1967, Shag Harbour, Nouvelle-Écosse : Des témoins ont rapporté avoir vu une rangée de lumières descendre et pénétrer dans l'eau. Les équipes d'urgence, dont la GRC et la Garde côtière, sont intervenues, supposant un accident d'avion, mais aucune épave n'a été retrouvée.

·         26 octobre 1978, près de Clarenville, Terre-Neuve-et-Labrador : Plusieurs témoins, dont un agent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), ont rapporté avoir vu un objet ovale au-dessus du port. Aucune preuve matérielle n'a été trouvée.

·         7 novembre 1990, Montréal (Québec) : Un important phénomène lumineux de forme ovale a été observé en soirée au-dessus de la piscine sur le toit de l'hôtel Bonaventure par une quarantaine de témoins, dont des journalistes et des policiers. Les contrôleurs aériens ont confirmé l'absence d'activité radar dans le secteur.

·         11 décembre 1996, Yukon : Au moins 31 personnes, réparties dans quatre régions du Yukon, ont signalé avoir aperçu une rangée de lumières dans le ciel, que plusieurs ont décrite comme ressemblant à un vaisseau spatial. Le phénomène a ensuite été observé par plusieurs autres personnes à différents endroits.

Observations de PAN au Canada : incidence et signalement

Étant donné le caractère éphémère des observations de PAN, leur signalement et leur analyse peuvent mobiliser des personnes et des institutions très différentes, souvent de manière aléatoire. Les observations de PAN peuvent provenir de sources diverses, notamment de simples citoyens, de pilotes de ligne et de militaires, et peuvent être signalées à différentes autorités selon les circonstances.

L'incidence des observations d'OVNI a été analysée au fil des ans par divers organismes de sondage et chercheurs. En 1974, Gallup a mené ce qui pourrait bien être le premier sondage auprès du public canadien sur les OVNI. Les résultats ont montré que 67 % des répondants avaient entendu parler d'OVNI, tandis que 8 % croyaient en avoir vu un.Note de bas de page18En 1978, 81 % des Canadiens avaient entendu parler des OVNI, tandis que 10 % pensaient en avoir vu un.

L’enquête Earnscliffe 2024 pour le projet Sky Canada a révélé que 27 % des 1 008 répondants ont déclaré avoir observé un objet ou un phénomène dans le ciel qu’ils ne pouvaient pas identifier, 11 % affirmant avoir fait une telle observation au cours de la dernière année (voir l’annexe B ).

Selon les données publiées par un certain nombre d’organisations, on peut estimer qu’entre 600 et 1 000 cas d’observations de PAN sont signalés chaque année au Canada.Note de bas de page19 Note de bas de page20En l'absence d'un organisme unique de collecte de données, le nombre et la nature de ces observations ne peuvent être établis de manière concluante pour de nombreuses raisons, notamment la possibilité qu'une même observation soit signalée séparément par plusieurs organismes. Il est donc difficile d'avoir une idée précise de l'ampleur du phénomène.

Au Canada, la plus longue et la plus reconnue des collections d'observations d'OVNI est « The Canadian UFO Survey », produite par un groupe de bénévoles manitobains appelé Ufology Research, dirigé par M. Chris Rutkowski. En 2023, 570 signalements d'OVNI ont été recensés ; depuis 1989, plus de 24 000 signalements canadiens ont été répertoriés. Les principales sources de cette collection comprennent d'autres organisations ufologiques, comme le National UFO Reporting Center (NUFORC), basé aux États-Unis, ainsi que des cas signalés directement à Ufology Research et des organismes gouvernementaux canadiens. Il convient de noter que les données d'une autre organisation, MUFON Canada, n'étaient pas disponibles pour Ufology Research en 2023 (le MUFON a signalé séparément 321 cas en 2023), ce qui suggère que la liste pourrait être incomplète. L'enquête menée par Earnscliffe en 2024 suggère également que le nombre d'observations pourrait être plus élevé.

Bien que les progrès technologiques et la recherche scientifique aient amélioré notre capacité à enquêter sur les PAN, l’absence de mécanismes de signalement normalisés, la collecte de données fragmentée et la propagation de fausses informations compliquent les efforts visant à évaluer correctement le nombre de cas d’PAN au Canada chaque année.


E. Méthodologie et résultats

Le Bureau de la conseillère scientifique en chef (BCSA) a recueilli des renseignements auprès des ministères et organismes fédéraux, des intervenants, des experts et d'autres organisations sur le traitement des observations de PAN signalées par le public au Canada. Les principales organisations et personnes consultées sont énumérées à l'annexe A. Nous avons également examiné des documents publics, comme des données historiques sur les PAN, ainsi que des rapports et des enquêtes sur les PAN. Nous avons notamment examiné les pratiques et les archives historiques, ainsi que les procédures et les défis actuels liés à la collecte et à l'analyse de données fiables.

Enfin, nous avons examiné les approches adoptées par quelques autres pays pour les comparer avec le Canada et rechercher les meilleures pratiques.

L'histoire des signalements de PAN au Canada

Au Canada, les PAN peuvent être signalés par de multiples canaux impliquant les organismes fédéraux, provinciaux et de la société civile. Au niveau fédéral, Transports Canada gère le Système de rapports quotidiens d'événements de l'aviation civile (SRAPEC) pour les incidents affectant la sécurité aérienne, y compris les observations de PAN. L'Aviation royale canadienne (ARC) et le ministère de la Défense nationale surveillent également l'activité aérospatiale et peuvent recevoir des rapports par l'intermédiaire de leurs réseaux opérationnels.

Historiquement, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) a recueilli et étudié les signalements de PAN de 1967 jusqu'aux années 1990. De plus, les organismes d'application de la loi comme la Gendarmerie royale du Canada (GRC), la Police provinciale de l'Ontario (OPP) et la Sûreté du Québec (SQ) peuvent également servir de points de contact pour les observations de PAN, notamment dans les cas impliquant la sécurité publique. Des organisations de la société civile, comme Ufology Research of Manitoba et MUFON Canada, compilent et analysent les données de PAN recueillies auprès des citoyens. De plus, les observatoires locaux, les établissements universitaires et les groupes d'astronomie amateur servent parfois de canaux informels pour signaler et analyser des observations aériennes inconnues.

Ces diverses voies illustrent l'absence d'un système cohérent et normalisé de signalement et de suivi des phénomènes PAN au Canada. La section suivante présente les principales informations recueillies au cours du projet.

gouvernement fédéral

L'histoire du signalement des PAN au sein du gouvernement fédéral s'étend sur plusieurs décennies, mais comprend de longues périodes d'activité minimale, voire inexistante. De plus, différents ministères fédéraux y ont été impliqués de manière transitoire, transférant souvent la responsabilité à d'autres organismes fédéraux.

En 1950, le ministère des Transports autorisa l'un de ses ingénieurs, Wilbert Smith, à effectuer des recherches à temps partiel pour déterminer si certains ovnis pouvaient utiliser la puissance du champ magnétique terrestre comme source de propulsion. Ce projet fut baptisé « Projet Magnet ».Note de bas de page21, et Smith a progressivement élargi son champ d'action pour inclure des enquêtes sur la validité des observations d'OVNI. À un moment donné, Smith a lancé un ballon au-dessus d'Ottawa pour surveiller les reportages du public et des médias sur l'événement. Il a également établi un observatoire d'OVNI en périphérie d'Ottawa. Bien que ses efforts pour détecter les OVNI aient été infructueux, ils ont suscité l'intérêt des médias, ainsi qu'une attention indésirable pour le ministère. Incapable de convaincre ses collègues du bien-fondé de ses recherches, Smith a dû poursuivre ses travaux en privé après que le ministère des Transports a mis fin au projet Magnet en 1954.

En 1952, le Conseil de recherches pour la défense (CRD), alors organisme scientifique militaire du Canada au sein du ministère de la Défense nationale (MDN), a mis sur pied un comité appelé Projet Second Storey afin d'examiner les cas de survols de « soucoupes volantes » au-dessus du territoire canadien, signalés par différentes branches des forces armées. Le comité était présidé par Peter Millman, astronome au Conseil national de recherches du Canada (CNRC) ; il comprenait des membres de divers services du renseignement militaire canadien et d'autres organismes gouvernementaux. Le comité n'a pas enquêté sur les observations d'OVNI, mais a élaboré un formulaire normalisé.Note de bas de page22pour faciliter le signalement des ovnis dans les différents services gouvernementaux. Ce formulaire n'a jamais été largement adopté ni utilisé. Le comité a tenu six réunions entre 1952 et 1954 et a conclu que « les ovnis ne constituaient ni une menace pour la sécurité, ni un intérêt scientifique ».Note de bas de pagebIl a recommandé de mettre fin à toutes les enquêtes menées par l’armée canadienne.

Entre 1954 et 1967, des rapports publics ont continué d'être soumis à divers ministères et organismes fédéraux, dont la Gendarmerie royale du Canada, Transports Canada et le ministère de la Défense nationale, ainsi qu'aux services de police locaux et à des entités non fédérales. Ces organismes menaient parfois des enquêtes ou consignaient les observations à des fins de conservation.

En 1967, sur recommandation du ministre de la Défense nationale, la responsabilité de la surveillance des signalements d'ovnis fut transférée au CNRC, qui devint alors le principal service de réception des signalements d'ovnis du public. Ce transfert de responsabilité incluait la déclassification du projet Second Storey du MDN et du projet Magnet du ministère des Transports, ainsi que la prise en charge de la gestion des signalements d'ovnis antérieurs. Selon le CNRC, jusqu'en 1995, il était officiellement chargé de recueillir des informations sur les ovnis auprès du public, des municipalités et d'autres ministères fédéraux comme la GRC et le MDN. Le Dr Peter Millman, chargé d'enquêter et de répondre aux questions du CNRC, fournissait souvent des explications (étoiles, planètes, météores, phénomènes optiques, par exemple) pour les observations soumises par le public. La plupart des signalements d'ovnis reçus par le CNRC, mais pas tous, étaient compilés dans ce qui allait devenir le fichier des « Observations non météorologiques ».

En 1995, le CNRC a cessé de recueillir les rapports d'ovnis. Tous les documents connexes ont été transférés à ce qui est aujourd'hui Bibliothèque et Archives Canada (BAC), qui conserve actuellement ces archives. La collection de documents sur les ovnis de BAC, estimée à 15 000 pages, dont quelque 9 500 ont été numérisées, est accessible au public et fournit des renseignements précieux sur l'histoire des observations d'ovnis et la réponse du gouvernement canadien à ces observations. Quant aux archives personnelles du Dr Millman, accessibles au public par l'intermédiaire du service d'archivage du CNRC, elles ne contiennent que peu de documents liés au sujet des ovnis.

L'histoire du signalement des PAN au sein du gouvernement fédéral canadien témoigne d'un niveau d'intérêt et de responsabilité fluctuant au fil du temps, divers ministères et organismes s'engageant par intermittence dans des enquêtes. Depuis les premières initiatives comme le projet Magnet et le projet Second Storey jusqu'au transfert ultérieur du signalement des OVNIs au Conseil national de recherches du Canada, l'approche gouvernementale a évolué, mais a souvent manqué de continuité et de cohérence. Ces efforts ont été façonnés par une combinaison de curiosité scientifique, d'intérêt public et de prudence institutionnelle. Si des projets comme ceux menés par Wilbert Smith et le Dr Peter Millman cherchaient à fournir des cadres scientifiques pour comprendre les observations de PAN, ils se sont heurtés au scepticisme des cercles gouvernementaux et ont souvent peiné à gagner du terrain. L'adoption limitée de mécanismes de signalement normalisés et l'arrêt des enquêtes officielles en 1995 ont marqué un déclin de l'implication fédérale.

Aujourd'hui, l'héritage de ces efforts est préservé grâce à des archives comme celles de Bibliothèque et Archives Canada, qui constituent une ressource précieuse pour comprendre le contexte historique de la question des PAN au Canada. Ces documents mettent en lumière les défis que représente l'équilibre entre l'intérêt public, la recherche scientifique et les priorités gouvernementales pour aborder un sujet complexe et souvent mal défini. Si l'intérêt pour les PANs ne faiblit pas, ces leçons historiques soulignent l'importance de la transparence, de la collaboration et d'une approche rigoureuse pour les recherches futures.

Consultations avec les ministères et organismes fédéraux

Le projet Ciel Canada visait à mieux comprendre la situation au Canada en identifiant les organisations canadiennes qui reçoivent habituellement des signalements de PAN et en examinant si et comment elles recueillent, enquêtent et suivent ces signalements. L'OCSA a consulté et recueilli ces renseignements auprès des ministères et organismes fédéraux, ainsi qu'auprès de plusieurs organisations non gouvernementales et de particuliers intéressés par les PAN. Il convient de noter que la participation à ces consultations était entièrement volontaire. Le type de réponse et le niveau d'engagement variaient d'une organisation à l'autre, mais en général, l'équipe a pu rencontrer et échanger avec des représentants de haut rang de toutes les organisations contactées. La liste des organisations et des particuliers consultés figure à l'annexe A.

Des questions précises ont été posées aux ministères et organismes fédéraux afin de comprendre leur rôle, le cas échéant, dans la gestion des signalements de PAN. Plus précisément, on leur a demandé si le public canadien communiquait avec leur organisation pour signaler des observations de PAN. Si oui, à quelle fréquence, quel suivi était effectué et comment l'information était-elle protégée.

Ces consultations ont révélé que les ministères et organismes fédéraux reçoivent des informations et des rapports d'observation de PAN de la part de leurs parties prenantes et du public. Cependant, peu de ces organisations enquêtent actuellement sur ces observations, sauf si elles relèvent d'aspects spécifiques de leurs mandats respectifs, comme la sécurité nationale, la sécurité des transports ou la sécurité publique, et ces cas sont assez rares. De plus, la plupart des ministères ne compilent pas les rapports qu'ils reçoivent, ce qui rend difficile la communication d'informations sur le nombre de signalements ou le type de réponses apportées aux témoins.

Les réponses des ministères et organismes fédéraux qui ont reçu des informations relatives aux PAN sont résumées ci-dessous, ainsi que les informations provenant des médias et de sources en ligne.

Transports Canada (TC) et NAV CANADA

Transports Canada est le ministère fédéral responsable des transports routier, ferroviaire, maritime et aérien. Sa Direction générale de l'aviation civile recueille des rapports sur divers incidents (y compris les observations de PAN) auprès des pilotes, des contrôleurs aériens et du public. Ces rapports sont diffusés publiquement par l'intermédiaire du Système de rapports quotidiens d'événements de l'aviation civile (SRELAC), accessible sur le site web du SRELAC de Transports Canada.Note de bas de page23Plus précisément, le CADORS recueille et diffuse des renseignements de base sur les incidents impliquant des aéronefs immatriculés au Canada dans les aéroports canadiens, dans l’espace aérien souverain du Canada et dans l’espace aérien international dont le Canada a accepté la responsabilité.

NAV CANADA est une société privée sans but lucratif; elle est le fournisseur de services de navigation aérienne du Canada depuis 1996. Elle supervise l'activité de la circulation aérienne grâce à un réseau sophistiqué de centres de contrôle régional, de tours de contrôle de la circulation aérienne (ATC), de stations d'information de vol, de centres de maintenance, de centres d'information de vol et d'aides à la navigation partout au pays.

En cas d'observation d'un PAN, les pilotes signalent généralement leur observation à la tour de contrôle, à la station d'information de vol (SIF) ou à une autre unité de contrôle de la circulation aérienne (ACA) la plus proche. Ces unités déposent un rapport d'événement aéronautique (REA) auprès de NAV CANADA, qui est ensuite transmis à l'équipe CADORS de Transports Canada pour évaluation et traitement.

Les signalements d'observations de PAN par le public peuvent également être transmis à Transports Canada par l'intermédiaire de l'application en ligne de signalement d'incidents aériens. Les signalements ainsi transmis peuvent également être publiés dans le CADORS, à condition qu'ils répondent aux critères d'inclusion.

Les analystes de Transports Canada utilisent ces rapports de PAN pour créer un enregistrement CADORS basé sur les détails de l'événement. Ces événements sont ensuite classés comme « événements » dans CADORS, selon les informations fournies : « Observation de ballon météorologique, de météore, de fusée, d'OVNI et de renseignements » ; « Interférence laser » ; ou « Autres incidents opérationnels ».

L'examen des rapports CADORS permet d'assurer le suivi des événements à risque élevé tout en recherchant les tendances et les risques émergents grâce à une analyse globale effectuée par Transports Canada. Un suivi plus approfondi peut être effectué par divers organismes, dont Transports Canada, NAV CANADA, le Bureau de la sécurité des transports du Canada et le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD).

NAV CANADA fournit environ 80 % des renseignements sur les événements aéronautiques dans chaque enregistrement CADORSNote de bas de page24. D’autres sources d’information utilisées pour créer ou compléter un dossier CADORS comprennent les renseignements reçus du Bureau de la sécurité des transports (BST), de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), des exploitants d’aéronefs et d’autres organismes.

NAV CANADA est également responsable de la collecte, de l’évaluation et de la diffusion de messages spéciaux appelés NOTAMNote de bas de pagecLes NOTAM sont des avis à court terme déposés par NAV CANADA pour alerter les pilotes d'aéronefs de dangers potentiels le long d'une route de vol ou à des endroits qui pourraient affecter un vol, comme la présence d'animaux sauvages, un avertissement de cendres volcaniques, des satellites, un lancement de fusée, une tempête solaire, etc.

En janvier 2024, CTVNews.caNote de bas de page25Rapportés dans la base de données CADORS en ligne de Transports Canada, ils n'ont recensé que 17 événements signalés par des pilotes en 2023 pouvant être considérés comme des PAN.Note de bas de page26, couvrant tous les types d'événements et d'observations. Ainsi, les observations de PAN ne représentent qu'une très faible proportion (environ 0,08 %) de tous les incidents signalés par les pilotes. Elles sont si rares dans le CADORS que Transports Canada n'est pas incité à consacrer du temps et des efforts à les expliquer. En fait, lorsque de tels incidents ne soulèvent pas de graves préoccupations en matière de sécurité, les autorités canadiennes n'enquêtent pas davantage.

Garde côtière canadienne (GCC)

La Garde côtière canadienne (GCC) est un organisme de service spécial de Pêches et Océans Canada. Sa mission est d'assurer la sécurité des marins dans les eaux canadiennes, de protéger le milieu marin canadien et de favoriser la sécurité et l'efficacité du commerce maritime. La GCC reçoit rarement des signalements de PAN, bien qu'elle dispose de procédures de traitement de ces signalements. Dans le cadre de son Avis aux navigateurs annuel,Note de bas de page27, procédures sur ce que l'on appelle les observations de renseignements vitaux , tout objet aquatique qui semble hostile, suspect ou non identifié doit être signalé et traité comme un « MERINT »Note de bas de pagedLes messages MERINT sont transmis à la station de la Garde côtière canadienne ou américaine la plus proche ou la plus pratique. De 2010 à 2022, seuls deux rapports MERINT ont été transmis, tous deux à la région Ouest de la GCC.

Ministère de la Défense nationale (MDN)

Le projet Ciel Canada se concentre principalement sur les aspects civils des observations de PAN au Canada, excluant les observations et les processus militaires. Néanmoins, des réunions ont eu lieu avec des représentants du ministère de la Défense nationale, du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD), des Forces armées canadiennes et de Recherche et développement pour la défense Canada (RDDC) afin de discuter des objectifs du projet Ciel Canada et de recueillir toute information qu'ils souhaitaient partager.

RDDC, l'organisme de recherche scientifique du MDN, a informé l'OCSA qu'il n'a pas de programme officiel sur les PAN et qu'il n'a ni la capacité ni le mandat de recueillir, de recevoir ou d'analyser les rapports des citoyens sur les PAN.

L'Aviation royale canadienne (ARC) n'enquête généralement pas sur les observations de phénomènes inexpliqués, sauf dans le cadre d'une enquête sur des menaces ou des situations de détresse potentielles. L'ARC collabore avec la Federal Aviation Administration des États-Unis et Transports Canada pour faire respecter les règlements en matière de sécurité.

Les médias ont rapporté que l'ARC avait représenté les Forces armées canadiennes lors d'une réunion d'information du Groupe des cinq sur les PAN en mai 2023. Cette réunion informelle était organisée par les États-Unis au Pentagone, où une présentation sur les PAN a été faite par le Bureau de résolution des anomalies dans tous les domaines (AARO) des États-Unis. Bien que les détails de la réunion demeurent confidentiels, elle a été présentée comme un moyen de renforcer la coopération en matière de signalement et d'analyse des observations inexpliquées. L'OCSA n'a pas pu accéder à des informations de première main sur cette réunion.

Conseil national de recherches du Canada (CNRC)

Comme mentionné précédemment, de 1967 à 1995, le CNRC était le principal organisme fédéral responsable de la réception des rapports d'observation de PAN au Canada. Au CNRC, ces rapports étaient compilés par l'Institut Herzberg d'astrophysique et conservés sous la responsabilité du Dr Peter Millman, dans ses rapports de cas d'« observations non météoritiques », terme désignant les cas non liés aux météores. Les dossiers rassemblés par le CNRC ont été transférés à Bibliothèque et Archives Canada (BAC) en 1995, où ils sont accessibles au public.

Le CNRC continue de recevoir occasionnellement des demandes d'information sur des documents archivés relatifs aux PANs. Selon ses archives, il a traité une quarantaine de demandes (observations, questions, demandes des médias, etc.) liées aux PANs au cours de la dernière décennie. Ces demandes ont été transmises à d'autres ministères, comme Transports Canada et BAC, ainsi qu'à des clubs d'astronomie locaux, comme les centres de la Société royale d'astronomie du Canada.

Bibliothèque et Archives Canada (BAC)

La collection de documents gouvernementaux sur les PAN de la BAC comprend des dossiers de 1947 à 1995 provenant principalement de quatre organisations fédérales :

·         le ministère de la Défense nationale;

·         le ministère des Transports;

·         le Conseil national de recherches du Canada; et

·         la Gendarmerie royale du Canada.

Les archives de BAC comprennent de la correspondance, des rapports, des notes de service et des formulaires de procédure. Certaines portent sur des observations d'OVNI spécifiques, tandis que d'autres traitent des processus généraux de signalement ou des politiques de documentation des phénomènes. Ces dossiers ont servi à de multiples fins, notamment pour expliquer des observations aériennes inhabituelles, enquêter sur certaines observations ou répondre aux demandes de renseignements du public.

L'ensemble de la collection de BAC (plus de 15 000 pages) est accessible au public. Les utilisateurs peuvent trouver ces documents grâce aux outils de recherche en ligne de BAC en utilisant des mots-clés comme « OVNI » ou « non météoritique » et en déposant une demande auprès de BAC. Un sous-ensemble des documents numérisés (environ 9 500 pages) est directement accessible en ligne dans les archives numériques de BAC sur le site Web de Patrimoine canadien . Pour mettre en valeur cette collection, BAC a organisé en 2005 une exposition en ligne intitulée « Les OVNI du Canada : À la recherche de l'inconnu ».Note de bas de page28.

De nombreux chercheurs et auteurs ont exploité la collection de documents sur les OVNIs de BAC pour rédiger des ouvrages sur divers sujets connexes, notamment, plus récemment, Matthew Hayes pour Search for the Unknown: Canada's UFO Files and the Rise of Conspiracy Theory (2022) et Chris Rutkowski pour Canada's UFOs: Declassified (2022). Ces ouvrages mettent en lumière la richesse des ressources disponibles dans les documents de BAC sur les PANs et leur utilité pour comprendre les réponses gouvernementales et sociétales inspirées par ces phénomènes.

Gendarmerie royale du Canada (GRC) et forces de police provinciales et locales

La plupart des municipalités et des provinces canadiennes ne disposent pas de leurs propres services de police ; elles dépendent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). La GRC dessert environ 73 % du territoire canadien et détient un mandat d'enquête fédéral à l'échelle du pays. Par conséquent, la GRC reçoit des signalements de PAN de la part du public partout au Canada. Cependant, elle n'enquête généralement pas sur les observations de PAN, car ses activités se concentrent sur la sécurité publique et les enquêtes criminelles.

À l'heure actuelle, la GRC n'a pas de politique officielle concernant la collecte ou la diffusion des signalements de PAN. Par conséquent, il n'existe pas de système de classification propre aux PAN. Ces signalements sont généralement classés comme des incidents non criminels en vertu de la Loi sur l'aéronautique (autres activités ). Cette classification englobe également diverses autres observations de navires dans l'espace aérien canadien, comme les drones.

Lorsque des membres du public contactent la GRC, la nature de l'appel est évaluée et classifiée avant toute enquête. Cependant, aucune directive spécifique n'est fournie aux agents d'appels ou aux membres de la GRC concernant les signalements de PAN. Les appels peuvent être classés comme « véhicule suspect », par exemple, et se perdre dans un grand nombre de signalements autres que des PAN. Il était donc impossible pour la GRC de fournir des statistiques sur les signalements de PAN.

Historiquement, la GRC a mené des enquêtes sur les « objets volants non identifiés », et bon nombre de ces documents ont été déclassifiés et sont accessibles au public par l’intermédiaire de Bibliothèque et Archives Canada.

Lors des consultations avec l'OCSA, la GRC a reconnu l'intérêt croissant du public pour les PAN et la prolifération de fausses informations à ce sujet. Elle a souligné l'intérêt potentiel d'un bureau dédié, chargé de fournir des informations factuelles et de centraliser les signalements de PAN. Cela permettrait à la GRC de se concentrer sur les enquêtes criminelles et les menaces à la sécurité publique.

De plus, la GRC coordonne ses activités avec les services de police provinciaux et municipaux, au besoin. La mission première de ces services de police locaux et provinciaux est d'assurer la sécurité publique et ils abordent généralement les appels liés aux PAN dans cette optique. Les consultations de la GRC avec ces organisations ont révélé l'absence de systèmes normalisés de collecte et d'organisation des signalements de PAN, ainsi que de politiques officielles concernant ces incidents. À l'instar de la GRC, ces services de police locaux et provinciaux ont reconnu les avantages potentiels d'un organisme centralisé auquel les observations locales de PAN pourraient être transmises.

Agence spatiale canadienne (ASC)

La mission de l'Agence spatiale canadienne (ASC) est de promouvoir l'utilisation et le développement pacifiques de l'espace, de faire progresser la connaissance de l'espace par la science et de veiller à ce que les sciences et technologies spatiales procurent des avantages sociaux et économiques aux Canadiens. L'ASC n'intervient actuellement pas dans les dossiers liés aux PAN et ne recueille pas de rapports d'observation de PAN. Si des citoyens contactent l'ASC au sujet des PAN, que ce soit pour obtenir des renseignements ou signaler une observation, ils seront informés que ce type de service n'est pas disponible. La compétence de l'ASC concerne les questions spatiales, et non les activités dans l'atmosphère terrestre (où se produisent la plupart des cas de PAN).

Environnement et Changement climatique Canada (ECCC)

Le Service météorologique du Canada (SMC), qui fait partie d'Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), fournit des services et des renseignements météorologiques et environnementaux aux Canadiens. Le SMC reçoit de nombreuses demandes de renseignements concernant les caractéristiques météorologiques, la météo, la quantité d'eau, la glace, la qualité de l'air et le climat, ainsi que les instruments et les données qu'il gère. Certaines de ces demandes concernent les lignes de nuages qui se forment fréquemment derrière les aéronefs en vol, communément appelées traînées de condensation ou traînées de condensation. Ces traînées sont principalement composées de vapeur d'eau qui se condense et gèle dans la haute atmosphère froide, créant des traînées visibles dans le ciel. Ce sujet fait souvent l'objet de spéculations, car il est souvent associé à des théories du complot qui impliquent généralement des allégations de programmes gouvernementaux secrets, comme la géo-ingénierie ou la dispersion chimique, et qui relient parfois ces traînées à des PAN.

Bien que le MSC réponde à toutes les demandes, il ne catalogue, ne collecte, n'analyse ni ne gère les nombreuses demandes reçues. Des réponses standard peuvent être utilisées pour les questions courantes. ECCC exploite également une application météorologique qui fournit au public des explications scientifiques sur les phénomènes météorologiques. Le MSC a déclaré que ses ressources sont entièrement dédiées aux prévisions météorologiques et qu'il n'est pas en mesure d'assumer des responsabilités supplémentaires telles que l'analyse des rapports de PAN.

* * *

Les consultations menées par l'OCSA auprès des ministères et organismes fédéraux fournissent un aperçu précieux de l'état actuel du signalement et de la gestion des PAN au Canada. Bien que certains ministères, comme Transports Canada, aient mis en place des mécanismes de collecte et d'analyse des données relatives aux PAN, la plupart des organisations n'enquêtent pas sur les observations, sauf si elles recoupent leurs mandats spécifiques, comme la sécurité nationale ou la sécurité des transports. L'absence de compilation centralisée des données et de processus de signalement normalisés complique l'identification des tendances et la réalisation d'analyses exhaustives des signalements de PAN.

Groupes et organisations UAP dirigés par des citoyens

Si les efforts gouvernementaux pour étudier et cataloguer les observations de PAN ont fluctué au fil du temps, les initiatives citoyennes sont restées constantes. En comblant les lacunes laissées par les agences fédérales et en exploitant les sources accessibles au public, les initiatives citoyennes continuent de jouer un rôle indispensable dans l'étude des PAN, en maintenant un engagement constant en faveur de la transparence et de l'investigation, avec différents degrés de rigueur.

Parmi les contributeurs les plus éminents de ce domaine figure Chris Rutkowski, dont la passion pour la recherche sur les observations d'OVNI a débuté en 1975, alors qu'il était étudiant en physique et en mathématiques. Au fil des décennies, Rutkowski s'est tourné vers la communication scientifique à l'Université du Manitoba et l'expérience acquise au cours de sa longue carrière a consolidé son rôle de figure clé de la recherche sur les ovnis. M. Rutkowski est cofondateur d'Ufology Research et, en 1989, lui et ses collègues ont commencé à publier le Canadian UFO Survey , une revue annuelle qui recense et analyse les observations d'OVNI au Canada. Ce rapport est toujours publié aujourd'hui.

En 1988, Rutkowski a rencontré Peter Millman, astronome et chercheur émérite du CNRC, à l'Institut Herzberg d'Ottawa. Après le décès de ce dernier, il a rencontré d'autres membres du personnel de l'Institut en 1995, où il a proposé de contribuer à la collecte des rapports d'ovnis, si nécessaire. Ainsi, Rutkowski a fini par recevoir des rapports directement d'organismes fédéraux comme le MDN et Transports Canada à partir de 2000. Cependant, en 2020, la soumission directe de rapports d'ovnis par les ministères fédéraux a considérablement diminué. À l'heure actuelle, Ufology Research inclut toujours des informations provenant de sources fédérales dans son enquête annuelle, mais s'appuie principalement sur des sources accessibles au public (p. ex., les rapports de l'aviation civile – décrits plus loin) et sur des informations obtenues grâce à des demandes officielles d'accès à l'information.

Aujourd'hui, le Canada, comme de nombreux autres pays, compte plusieurs organisations citoyennes qui se consacrent à la réception, à l'enquête et à la discussion des signalements de PAN. MUFON Canada est un organisme sans but lucratif qui s'appuie sur des bénévoles civils pour étudier les signalements de PAN.

Il existe également de nombreux groupes au niveau provincial. Par exemple, au Québec, il y a l' Association québécoise d'ufologie (AQU), le Réseau OVNI-ALERTE (UFO-Alert Network), le Groupe d'Assistance et de Recherche sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés (GARPAN), tandis qu'UFO*BC enquête sur les observations de la Colombie-Britannique et du Yukon.

Ces organisations et initiatives offrent des plateformes permettant de signaler les observations, de mener des enquêtes et de partager des informations. Certaines entretiennent des liens avec des organisations similaires dans d'autres pays. Leur existence témoigne d'une inégalité dans la manière dont les observations de PANs sont traitées par les autorités et la communauté scientifique. Cependant, leur manque de ressources financières limite leurs actions et les empêche d'offrir une gamme complète de services.

À titre individuel, plusieurs journalistes et commentateurs couvrent actuellement les questions liées aux PAN. Par exemple, Daniel Otis est un journaliste canadien reconnu pour ses reportages sur les PAN et les sujets connexes ces dernières années. Il a exploré divers aspects des PAN, notamment les enquêtes gouvernementales et militaires, ainsi que les perceptions du public. Ses articles examinent souvent les implications des observations de PAN et l'intérêt croissant du public et des autorités pour la compréhension de ces phénomènes.

Christian Page est un autre journaliste respecté dans ce domaine, connu pour ses recherches et ses écrits sur les PAN et le paranormal. Il a contribué aux discussions sur les implications des observations de PAN, notamment leur impact potentiel sur la science, les politiques gouvernementales et la perception du public. Page étudie fréquemment les liens entre la technologie, la défense et les phénomènes inexpliqués observés dans le ciel. Il a également plaidé pour la transparence et la poursuite des recherches sur les PAN, soulignant la nécessité d'une approche systématique pour comprendre ces phénomènes.

Ensemble, Otis, Page et d’autres jouent un rôle clé dans le débat public sur les PAN, chacun utilisant sa plateforme pour promouvoir une plus grande transparence, une plus grande responsabilité et une meilleure compréhension dans ce domaine en évolution.

Perspectives mondiales sur les signalements de PAN : un aperçu des approches nationales

L'étude des phénomènes aériens non identifiés suscite un intérêt croissant à l'échelle mondiale, les pays adoptant des approches différentes pour la collecte, l'analyse et la gestion des données sur les PAN. Historiquement, de nombreux pays, dont le Canada, abritaient des bureaux des PAN au sein de leur ministère de la Défense. Cependant, au fil du temps, ces bureaux ont été fermés et la responsabilité de la surveillance des PAN a été transférée à d'autres organisations.

Une analyse comparative a été menée afin d'examiner les pratiques en matière de PAN dans plusieurs pays comparables. Comme résumé ci-dessous, les stratégies employées par les différents pays varient et peuvent impliquer des entités gouvernementales et non gouvernementales, voire les deux.

Gestion des signalements de PAN dans les Amériques

États-Unis

Ces dernières années, le gouvernement américain a intensifié ses efforts de collecte et d'analyse de données relatives aux PAN. En avril 2020, le Département de la Défense américain (DOD) a publié trois vidéos d'UAP afin de « dissiper toute idée fausse du public quant à la véracité des images diffusées, ou quant à leur contenu. »Note de bas de page29Dans sa déclaration, la Marine a également noté que les « phénomènes aériens observés dans les vidéos restent qualifiés de « non identifiés ». La même année, le Pentagone a créé la Force opérationnelle sur les phénomènes aériens non identifiés.

Le 25 juin 2021, le Bureau du directeur du renseignement national des États-Unis a publié un rapport au Congrès américain intitulé « Évaluation préliminaire : phénomènes aériens non identifiés » examinant 144 rapports d’UAP militaires des dernières décennies.

L'intérêt et l'engagement accrus du gouvernement envers l'étude scientifique des PAN ont abouti à la création, en 2022, du Bureau de résolution des anomalies dans tous les domaines (AARO).Note de bas de page30au Pentagone. L'AARO a pour objectif d'enquêter sur les signalements gouvernementaux de PAN, d'améliorer la collecte de données, de normaliser les exigences de déclaration et d'atténuer les menaces potentielles pour la sûreté et la sécurité posées par les PAN. Sa mission est de « minimiser les surprises techniques et de renseignement en synchronisant les données scientifiques, de renseignement et de détection opérationnelle, l'identification, l'attribution et l'atténuation des phénomènes anormaux non identifiés à proximité des zones de sécurité nationale ». En février 2024, l'AARO a publié le premier volume (sur deux) d'une étude qui passe en revue l'ensemble des efforts et programmes d'enquête du gouvernement américain sur les PAN de 1945 à nos jours.Note de bas de page31.

Le 1er juin 2024, l’AARO a publié son deuxième rapportNote de bas de page32Sur 757 signalements de PAN entre le 1er mai 2023 et le 1er juin 2024, 174 cas ont été résolus, concernant des objets tels que des ballons, des oiseaux, des drones, des satellites et des aéronefs. Concernant les cas non résolus restants, l'AARO continue de collecter et d'analyser les informations en collaboration avec des partenaires militaires et techniques.

AARO souligne qu’à ce jour, ils n’ont découvert aucune preuve d’êtres, d’activité ou de technologie extraterrestres.

Parallèlement, la National Aeronautics and Space Administration (NASA) a mené une étude indépendante afin d'évaluer sa contribution aux efforts gouvernementaux en cours. Le rapport, publié en septembre 2023, s'est concentré sur la meilleure façon de collecter les données futures sur les PAN pour faire progresser son étude scientifique.Note de bas de page33Il définit également une approche multidimensionnelle de l'étude scientifique des PAN, reconnaissant la nécessité d'une collaboration entre différents secteurs et disciplines. À l'instar du rapport de l'AARO, l'examen des documents gouvernementaux non classifiés par l'équipe d'étude indépendante n'a révélé aucune preuve d'activité extraterrestre. Suite à la publication du rapport, la NASA a annoncé la création du poste de directeur de la recherche sur les phénomènes anormaux non identifiés, chargé d'approfondir l'étude et de coordonner les travaux de recherche relatifs aux PAN.

L'incursion de quatre ballons à haute altitude dans l'espace aérien nord-américain début 2023 a incité le président Biden à demander aux services de renseignement américains d'examiner de plus près la question des PAN. Il a chargé une équipe interinstitutions d'étudier les implications politiques plus larges pour la détection, l'analyse et la neutralisation des objets aériens non identifiés (OACI) présentant des risques pour la sécurité. Le président a également annoncé que ses services collaboreraient avec leurs homologues étrangers concernés afin de partager des informations et de recueillir leurs points de vue.Note de bas de page34.

Enfin, la loi sur la sécurité de l'espace aérien pour les AméricainsNote de bas de page35Le projet de loi a été présenté à la Chambre des représentants en janvier 2024. Il propose que la Federal Aviation Administration (FAA) élabore des procédures de signalement, de collecte, de stockage, d'enquête et d'analyse des incidents impliquant des PAN. La législation vise également à protéger les témoins – qui signalent des observations de PAN – contre des conséquences néfastes, telles qu'une disqualification médicale ou des représailles de la part de leur employeur ou du gouvernement, uniquement sur la base de leur signalement.

Mexique

La plupart des signalements d'observations de PAN au Mexique proviennent des médias, de chercheurs indépendants et des réseaux sociaux, qui jouent un rôle important dans la documentation et la diffusion d'informations sur ces événements. Bien qu'il n'existe pas d'organisme gouvernemental officiel dédié au signalement des PAN au Mexique, des interventions gouvernementales ont été observées. En septembre 2023, le Congrès mexicain a tenu des audiences sur les PAN, avec notamment une présentation de Jaime Maussan sur les corps momifiés d'extraterrestres. Ces preuves ont ensuite été réfutées par des scientifiques mexicains.Note de bas de page36L'Assemblée législative tenait des audiences pour discuter des actions et des politiques du gouvernement américain concernant les PAN.Note de bas de page37.

Chili

La SEFAA (Sección de Estudios de Fenómenos Aéreos Anómalos, ou Section d'étude des phénomènes aériens anormaux)Note de bas de page38, est l'organisme officiel chilien chargé de la collecte, de l'analyse et de l'étude scientifique des PAN. Il opère au sein de la Direction générale de l'aéronautique civile (DGAC) de l'armée de l'air chilienne. Sa mission principale est de recueillir des informations sur les observations d'UAV signalées par les équipages des compagnies aériennes ou le grand public. Ces informations sont analysées afin d'évaluer les risques potentiels pour la sécurité des opérations aériennes et la sécurité nationale.

Un aspect notable des activités de la SEFAA est son engagement en faveur de la transparence et de l'accessibilité. L'organisation met à la disposition du public ses conclusions et informations concernant les PAN, favorisant ainsi l'ouverture et la compréhension de ces phénomènes. La SEFAA publie des rapports mensuels détaillant les cas qu'elle a reçus, étudiés et clôturés, permettant ainsi aux personnes intéressées de se tenir informées de ses activités.Note de bas de page39.

Gestion des signalements de PAN en Europe

France

L'organisme public français chargé de gérer les signalements de PANs est hébergé au sein du Centre national d'études spatiales (CNES). Le GEIPAN ( Groupe d'Études et d'Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non Identifiés) étudie les PANs depuis 1977. Sa mission est de collecter, d'enquêter et d'archiver les signalements de PANs et de mettre ses conclusions à la disposition du public. En anonymisant les observations, le GEIPAN permet une étude plus approfondie des phénomènes observés par des équipes scientifiques externes. Les principes qui guident le GEIPAN comprennent de faibles coûts de fonctionnement, le service public, le respect des témoins et un engagement en faveur de la transparence, de la neutralité et de l'objectivité des enquêtes.

Le GEIPAN dispose d'une équipe de trois employés à temps plein pour gérer le processus de signalement. Le public peut signaler un PAN via un formulaire disponible en ligne. Les signalements sont étudiés grâce aux efforts de plus de 20 bénévoles formés répartis dans toute la France. Le GEIPAN compte de nombreux partenaires gouvernementaux (dont l'armée, l'aviation civile, les services météorologiques, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, la police nationale, entre autres) et des contacts externes dans des domaines complémentaires (astronomie, aéronautique, météorologie, psychologie, imagerie, technologie des drones, électromagnétisme, etc.). Le comité de pilotage du GEIPAN est présidé par un expert reconnu du secteur aérospatial et comprend des représentants des autorités civiles et militaires du pays. Sa mission est d'analyser les performances du GEIPAN et de formuler des recommandations au CNES.

L'association française Méprises du Ciel reçoit également les signalements d'UAP du GEIPAN et du public. Elle contribue à sensibiliser le public aux fausses interprétations des UAP. Bien qu'il soit difficile d'établir un lien de cause à effet direct entre ces enquêtes et l'évolution de l'opinion publique, certains éléments indiquent qu'en France, les théories du complot liées aux UAP sont en baisse et moins répandues que dans d'autres pays. Note de bas de page40.

Allemagne

Depuis plus de 50 ans, le point de contact de l'Allemagne pour les rapports sur les PAN est la GEP (Gesellschaft zur Erforschung des UFO-Phänomens, ou Société pour la recherche sur les phénomènes OVNI).Note de bas de page41, une organisation scientifique citoyenne à but non lucratif basée à Ludenscheid. Le GEP reçoit les signalements publics d'observations de PAN, mène des enquêtes au cas par cas et publie ses conclusions. Depuis 1980, il publie ses conclusions dans son bimestriel Journal für UFO-Forschung (Journal de recherche sur les OVNIs). D'après le rapport annuel du GEPNote de bas de page42, ils ont reçu en moyenne 342 rapports par an de 2022 à 2024. Plus de 90 % des rapports reçus ont été expliqués comme des causes conventionnelles, le reste étant inexpliqué en raison de données insuffisantes.

Italie

L'Italie compte deux organisations privées à but non lucratif bien connues liées aux PAN : le CUN ( Centro ufologico nazionale , ou Centre ufologique national)Note de bas de page43, et le CISU ( Centro Italiano Studi Ufologici , ou Centre italien d'études ufologiques)Note de bas de page44Elles ont été créées respectivement en 1965 et 1985. Toutes deux participent à la collecte et au catalogage des témoignages d'observations de PAN et à leur diffusion publique. Elles ont également accès aux enquêtes non classifiées sur les PAN menées par l'armée de l'air italienne et menées par le ministère italien de la Défense.

Royaume-Uni

Le ministère de la Défense du Royaume-Uni (MoD) était chargé d'enquêter sur les signalements d'OVNI de 1950 à 2009. Dès le départ, le MoD a mis en place un groupe de travail, placé sous la direction de son conseiller scientifique en chef, pour étudier le phénomène OVNI. En juin 1951, le groupe de travail a conclu que les observations d'OVNI pouvaient s'expliquer par « des phénomènes astronomiques ou météorologiques ; des erreurs d'identification d'avions, de ballons, d'oiseaux, des illusions d'optique et des délires psychologiques, ainsi que des canulars délibérés ».Note de bas de pageetIl a recommandé qu’« aucune enquête supplémentaire sur les phénomènes aériens mystérieux signalés ne soit entreprise, à moins que des preuves matérielles ne soient disponibles ».Note de bas de pagefNéanmoins, le ministère de la Défense a maintenu une ligne d'assistance téléphonique et une adresse e-mail dédiées aux OVNIs, ainsi qu'une petite équipe d'enquêteurs, pour recevoir les signalements d'observations. De 1997 à 2009, il a publié des rapports annuels indiquant les dates, les heures, les lieux et de brèves descriptions de toutes les observations d'OVNIs. Le ministère de la Défense a mis fin à ce programme en 2009. Depuis lors, les observations d'OVNIs au Royaume-Uni peuvent être signalées aux autorités locales ou à des associations comme la British UFO Research Association (BUFORA).

Union européenne

L'Union européenne (UE), en tant qu'entité, n'a pas élaboré de lois ou de réglementations spécifiques concernant les PAN. Cependant, la Commission européenne a mis en place un portail de signalement des incidents liés à l'aviation.Note de bas de page45qui fournit des formulaires de signalement communs permettant aux particuliers de signaler les PAN. Malgré cette évolution, la Commission européenne considère que le domaine des PAN relève de la compétence des États membres.Note de bas de page46, ce qui leur permet de faire face à ces phénomènes en fonction de leurs besoins de sécurité nationale.

Gestion des signalements de PAN en Océanie

Australie

De 1950 à 1996, la Royal Australian Air Force (RAAF) était chargée d'enquêter sur les observations d'UAP en Australie.Note de bas de page47Cependant, la RAAF a cessé son implication dans les enquêtes publiques sur les UAP en 1996, invoquant un manque perçu de valeur scientifique et des raisons impérieuses de continuer à consacrer des ressources à ces activités.

Aujourd'hui, les observations publiques de PAN en Australie peuvent être signalées à la police locale ou à des organismes tiers tels que le Mutual UFO Network (MUFON) pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande et le Centre australien d'études sur les OVNI (ACUFOS). Les incidents de sécurité aérienne liés à la défense (y compris ceux potentiellement causés par des PAN) sont gérés par l'Autorité de sécurité de l'aviation de défense (DASA), tandis que l'Autorité de sécurité de l'aviation civile (CASA) est chargée de la sécurité de l'aviation civile.

Nouvelle-Zélande

La Nouvelle-Zélande a également connu une période, s'étendant de 1954 à 2009, au cours de laquelle l'armée a recueilli des observations publiques d'OVNI, apparemment sans les enquêter.Note de bas de page48L'armée néo-zélandaise a publié des centaines de documents détaillant les allégations d'observations d'OVNI dans les archives nationales.Note de bas de page49Aujourd'hui, les membres du public peuvent toujours signaler les observations d'UAP à la fois à l'Autorité de l'aviation civile de Nouvelle-Zélande (CAA)Note de bas de page50et les Forces de défense néo-zélandaises (NZDF). Il existe également des groupes civils, comme Ufocus NZ.Note de bas de page51, qui recueillent les rapports du public et des pilotes.

Gestion des signalements de PAN en Asie

Japon

Selon des sources médiatiques, le ministre japonais de la Défense a demandé en 2020 aux forces de défense japonaises d'enregistrer et de photographier tout objet qu'elles rencontrent ou qui pénètre dans l'espace aérien japonais, et de prendre des mesures pour « l'analyse nécessaire » des observations.Note de bas de page52Cette directive souligne l'importance accordée par le gouvernement japonais à la surveillance et à la documentation des PAN, ainsi que la reconnaissance de la nécessité d'une analyse et d'une enquête approfondies, incluant les informations fournies par le public. L'armée japonaise a annoncé en février 2023 une nouvelle politique visant à considérer les drones et les ballons non identifiés comme des cibles légitimes à abattre.Note de bas de page53.

Le 28 mai 2024, les législateurs au pouvoir et de l'opposition au Japon ont tenu une réunion pour aborder les problèmes liés aux PAN et, le 6 juin 2024, ils ont créé un groupe non partisan pour renforcer les capacités de détection et d'analyse des PAN.Note de bas de page54.

Chine

L'essor de la recherche sur les PAN en Chine a coïncidé avec la période de réforme du pays à la fin des années 1970. Dans le cadre de la première vague de réformes, l'intérêt du public pour les PAN a commencé à émerger.Note de bas de page55En septembre 1979, des étudiants de l'Université de Wuhan ont créé le Bureau de liaison des passionnés d'OVNI de Chine, qui est devenu plus tard l'Association chinoise de recherche sur les OVNI. L'association s'est développée et a ouvert des antennes dans d'autres villes.

Le Journal of UFO Research, fondé en 1981 à Lanzhou par la Gansu People's Publishing House, est devenu le magazine de recherche sur les OVNI le plus lu en Asie dans les années 1990.Note de bas de page56Suite au succès de l'Association chinoise de recherche sur les ovnis, plusieurs sociétés locales ont été créées, dont la Beijing UFO Society, fondée en 1984. La Beijing UFO Society a affirmé avoir recueilli un nombre important de photographies et de témoignages de première main sur les PAN grâce à son travail sur le terrain.

Au cours des années 1990, l’intérêt pour les PAN et la vie extraterrestre a augmenté à mesure que les médias d’État ont commencé à couvrir le sujet et que les restrictions de publication ont été assouplies.Note de bas de page57Cependant, l’Association chinoise de recherche sur les ovnis a été dissoute en 1997.

La Chine a récemment mis en place une force opérationnelle au sein de l'Armée populaire de libération (APL) chargée d'enquêter sur les phénomènes aériens non identifiés (PAN). Cette force utilise un système de signalement à plusieurs niveaux pour gérer les observations de PAN, en collectant des données auprès des stations radar militaires, des pilotes de l'armée de l'air, des commissariats de police, des stations météorologiques et des observatoires affiliés à l'Académie chinoise des sciences. Les rapports font l'objet d'une analyse préliminaire au niveau des commandements militaires régionaux avant d'être centralisés dans une base de données nationale. Pour traiter cette masse de données et identifier des tendances, l'APL utilise l'intelligence artificielle (IA) afin d'évaluer la nature et le niveau de menace potentiel de ces phénomènes. Cette approche permet à l'APL de déterminer rapidement si les objets observés sont des aéronefs étrangers, des phénomènes naturels ou potentiellement d'origine extraterrestre.Note de bas de page58.

* * *

Les récents développements mondiaux dans l'étude et la recherche sur les PAN témoignent d'un engagement croissant en faveur de la recherche scientifique et de la sécurité nationale. Des pays comme les États-Unis, la France et le Chili ont mis en place des organismes gouvernementaux officiels pour enquêter sur les observations d'UAV, tandis que d'autres s'appuient sur des organisations non gouvernementales ou des groupes de science citoyenne pour recueillir et analyser les rapports. La reconnaissance croissante de la nécessité d'une collecte de données rigoureuse et d'une coopération internationale reflète un intérêt commun pour la compréhension de ces phénomènes et une évolution mondiale vers une approche plus systématique et plus ouverte de l'étude des PAN.


F. Recommandations visant à améliorer les rapports et la recherche sur les PAN au Canada

Le projet Sky Canada met en lumière une lacune importante dans l'approche canadienne face aux phénomènes PAN, la plupart des entités fédérales n'ayant ni la capacité, ni le mandat, ni les ressources nécessaires pour s'attaquer systématiquement à ce problème. L'intérêt du public pour une plus grande transparence et de meilleurs mécanismes de signalement souligne la nécessité d'une action coordonnée. Les observations d'organisations non gouvernementales, de groupes citoyens et de journalistes indépendants révèlent la fascination persistante du public pour les PAN et l'intérêt potentiel d'établir des cadres plus robustes pour la collecte de données et les enquêtes.

Le sondage d'Earnscliffe (voir l'annexe B ) a révélé que l'intérêt pour les PAN est généralement modéré. Cependant, la moitié des répondants estiment que le gouvernement canadien devrait agir face aux observations de PAN et consacrer des fonds à cette initiative, notamment pour les enquêtes. La majorité des répondants estiment que le gouvernement devrait mettre en place un service permettant aux Canadiens de signaler leurs observations et attachent de l'importance à la transparence de l'information à ce sujet.

À l'avenir, le projet Ciel Canada servira de base essentielle aux discussions sur l'amélioration de la surveillance fédérale et de la mobilisation du public concernant les PAN. En favorisant la collaboration entre les ministères et avec les organisations civiles, le Canada pourra élaborer une approche plus cohérente et transparente pour comprendre et gérer ces phénomènes.

Pour permettre des études scientifiques approfondies sur les observations de PAN, diverses activités de collecte de données et d'enquête seraient nécessaires. Par exemple, des protocoles normalisés devraient être établis pour garantir la comparabilité des données, tant dans leur contenu que dans leur format.

La fragmentation des signalements de PAN entre les différents ministères et organismes canadiens complique l'application des principes scientifiques. Ce manque de coordination entraîne une collecte d'information incohérente au sein du gouvernement, ce qui complique, voire rend impossible, l'accès aux données et leur compilation pour une analyse rigoureuse et scientifique. De plus, la difficulté d'accéder aux enquêtes sur les signalements contribue à la méfiance et à la désinformation.

Au cours du projet Sky Canada, le Bureau du conseiller scientifique en chef a reçu environ 250 demandes de renseignements de Canadiens concernant divers aspects du projet, notamment des demandes sur l’endroit où signaler les observations de PAN et des demandes d’aide gouvernementale pour interpréter les photos et les vidéos, malgré le fait que le site Web de Sky Canada indique clairement que le Bureau n’offrait pas ce service ni ne recueillait de telles informations.

Dans l'ensemble, l'analyse présentée dans ce rapport suggère que le Canada bénéficierait d'un processus amélioré de signalement, de collecte et d'étude des observations de PAN. Cette approche devrait être plus rigoureuse, transparente et coordonnée qu'elle ne l'est actuellement.

Les mesures suivantes sont proposées à l'examen du gouvernement du Canada afin de : 1) améliorer la coordination et l'analyse des rapports sur les PAN au Canada, 2) promouvoir la confiance du public et atténuer la désinformation, 3) améliorer la rigueur scientifique et la culture scientifique entourant les PAN, et 4) positionner le Canada pour une plus grande collaboration avec d'autres pays sur un sujet qui n'a pas de frontières géographiques :

·         Rapports et surveillance des données :

1.      Désigner un responsable : Il faudrait désigner un ministère ou un organisme fédéral responsable de la gestion des données publiques sur les PAN. Ce responsable devrait être une organisation scientifique fiable et reconnue, capable de communiquer avec le public et disposant d’un réseau scientifique international déjà établi. Par exemple, l’Agence spatiale canadienne pourrait être envisagée pour un tel rôle.

2.      Mettre en place un service dédié : Ce service recueillerait des témoignages, enquêterait sur les cas et publierait ses analyses. Il informerait proactivement les Canadiens sur les PAN. Pour atteindre ces objectifs, il pourrait réunir un réseau de partenaires gouvernementaux et universitaires ainsi que d’experts pour mener des analyses scientifiques et assurer le suivi des témoins. L’exemple du GEIPAN en France mérite d’être étudié.

3.      Améliorer la capacité de signalement dans l'aviation civile : Transports Canada devrait encourager les pilotes, les équipages de cabine et les contrôleurs aériens à signaler les observations de PAN sans crainte de stigmatisation. En collaboration avec NAV CANADA, ils devraient analyser les signalements de PAN afin de suivre les tendances et de fournir des explications aux pilotes, contribuant ainsi à réduire les distractions pendant les vols. Ces signalements pourraient être corrélés et fusionnés avec ceux soumis par le public concernant des observations similaires.

·         Communications :

4.      Soutenir le dialogue public : Il convient d’élaborer une stratégie proactive visant à accroître la transparence et la communication avec le public concernant les PAN. Cette stratégie pourrait associer des organisations publiques de confiance, notamment des centres scientifiques et des musées, ainsi que des bibliothèques publiques.

5.      Favoriser la collaboration intragouvernementale : Une directive interne visant à assurer la collaboration entre tous les organismes fédéraux possédant l’expertise ou les données pertinentes aiderait l’organisme responsable à fournir des explications aux témoins et à corréler les observations récentes avec les rapports précédents. De plus, comme certains ministères continueraient de recevoir des rapports dans le cadre de leur mandat (par exemple, Transports Canada ou la GRC), il faudrait les encourager à transmettre leurs données, le cas échéant, à l’organisme responsable.

6.      Améliorer les relations avec les médias : L'organisation responsable devrait jouer un rôle important dans la lutte contre la désinformation et la mésinformation en répondant aux demandes du public et des médias concernant les PAN, et en documentant et en communiquant les interprétations erronées courantes des observations. Des exemples de telles approches, notamment des outils numériques interactifs, existent dans d'autres pays.

7.      Promouvoir l’application de données probantes actualisées pour lutter efficacement contre la désinformation et la mésinformation : entre autres, un groupe d’experts multidisciplinaire devrait être mis en place pour conseiller l’organisation chef de file sur les approches efficaces pour lutter contre la désinformation et la mésinformation.

·         Recherche :

8.      Faciliter l’accès libre et les données ouvertes : les données relatives aux PAN doivent être mises à la disposition du public à des fins de transparence et pour soutenir la recherche.

9.      Mener des enquêtes : Des enquêtes périodiques auprès des Canadiens devraient être menées pour évaluer leurs perceptions des PAN et l’impact des services dédiés.

10.  Soutenir la science citoyenne : Des initiatives et des programmes de science participative devraient être développés pour favoriser la participation bénévole à l’étude des PAN. Entre autres avantages, ces activités contribuent à accroître la probabilité d’une citoyenneté informée et à susciter l’intérêt des jeunes pour les carrières scientifiques et technologiques.

11.  Fournir des outils de collecte de données : Le développement et le déploiement d’outils numériques et portables accessibles au public doivent être soutenus, tels que des applications bilingues pour smartphones et des plateformes interactives, pour fournir des informations, notamment pour la collecte de données et les programmes de recherche en cours.

12.  Miser sur les atouts du Canada en recherche astronomique et aérospatiale : Le Canada dispose d'un excellent bassin de talents et d'une infrastructure de recherche physique, et participe à d'importantes initiatives internationales visant à comprendre notre planète et l'univers, ainsi qu'à développer des outils pour les voyages et l'exploration spatiale. Il faudrait soutenir davantage ce secteur et lui donner l'occasion de participer au dialogue public.

·         Collaboration internationale :

13.  Partage d'informations : L'organisation principale doit établir des partenariats avec des entités internationales dédiées aux PAN, telles que l'AARO et la NASA (États-Unis), le GEIPAN (France) et le SEFAA (Chili), pour partager des données, des méthodologies et des meilleures pratiques en matière de recherche et d'investigation sur les PAN.

14.  Coopération en matière de recherche et de communication : Le Canada devrait collaborer activement avec des partenaires internationaux pour des collaborations en matière de recherche et des efforts de sensibilisation du public.


G. Conclusion

Les signalements d'objets ou de phénomènes inhabituels dans le ciel captivent depuis longtemps le public, suscitant souvent mystère, étonnement et débats nourris. Les observations de PAN suscitent invariablement des questions qui relient la science, les médias et la culture, offrant des perspectives d'exploration, mais aussi un risque d'interprétation erronée.

La plupart des cas de PAN peuvent être expliqués par une enquête approfondie, mais certains restent non résolus, ce qui suggère la nécessité d'analyses plus approfondies à l'aide d'outils analytiques avancés. L'étude de ces phénomènes pourrait permettre des progrès technologiques et une meilleure compréhension de notre univers. En fin de compte, l'étude des PANs nécessite une collaboration interdisciplinaire et internationale.

Si elles sont mises en œuvre, les recommandations formulées dans ce rapport pourraient favoriser des progrès dans plusieurs domaines clés. Leur premier objectif est d'accroître la transparence gouvernementale sur les PANs, ce qui pourrait réduire les théories du complot et la désinformation qui y sont associées. Deuxièmement, la mise en place de systèmes de signalement clairs et efficaces pour les observations de PANs simplifiera grandement le processus, encouragera une plus grande participation du public et soutiendra la science citoyenne. L'amélioration des données issues des rapports publics permettra des analyses de recherche plus complètes et plus précises. L'enquête sur les signalements de PANs pourrait également améliorer la sécurité de l'espace aérien en identifiant les menaces, renforçant ainsi la sécurité nationale grâce à l'atténuation proactive des risques liés aux PANs. Enfin, ces mesures permettront au Canada de se joindre ultérieurement aux efforts internationaux concernant les observations de PANs, favorisant ainsi une approche globale et globale pour comprendre et résoudre le problème des PANs. Le Canada peut s'assurer que les mystères des PANs inspirent les générations futures en stimulant la curiosité, la pensée critique et l'ouverture d'esprit dans les enquêtes.

L'investigation et l'étude des phénomènes aériens non identifiés s'inscrivent dans la quête de connaissance et de compréhension de l'humanité. L'adoption de communications plus transparentes et de méthodes scientifiques rigoureuses constituera une avancée significative dans la compréhension du public et la lutte contre la désinformation. C'est dans cet esprit que les recommandations de ce rapport ont été formulées.


NOUS VOUS INVITONS A DECOUVRIR LES ANNEXES ET REPORTS DIVERS DIRECTEMENT SUR LE SITE DU GOUVERNEMENT CANADIEN A CETTE ADRESSE :

https://science.gc.ca/site/science/en/office-chief-science-advisor/sky-canada-project/management-public-reporting-unidentified-aerial-phenomena-canada#top


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